Le cardinal québécois Marc Ouellet est poursuivi en France pour avoir renvoyé sans explication, en 2021, une religieuse de la congrégation où elle vivait depuis 34 ans, ont rapporté mardi des médias français.

L’affaire avait fait grand bruit en France. La religieuse Marie Ferréol vivait dans la communauté catholique des dominicaines du Saint-Esprit de Pontcallec, en Bretagne, depuis plus de trois décennies.

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Au printemps 2021, Marie Ferréol – de son vrai nom Sabine Baudin de La Valette – a été renvoyée sans explication de cette communauté. Le décret de renvoi a été signé par le cardinal Marc Ouellet, alors préfet de la Congrégation pour les évêques de Rome.

Rappelons que le cardinal québécois, ancien archevêque de Québec, a démissionné dans la controverse le printemps dernier après avoir été visé par des allégations d’inconduite sexuelle. Il a quitté ses fonctions le 12 avril, mais demeure au service de l’Église.

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Le 3 août, la religieuse française s’est résolue à contrecœur à entamer une démarche au civil contre le cardinal Ouellet afin de comprendre les raisons de son renvoi. À terme, elle espère réintégrer sa communauté, indiquent les médias français. Elle poursuit aussi l’association syndicale des dominicaines du Saint-Esprit. L’audience est prévue le 4 octobre prochain.

Mère Ferréol n’a jamais su ce qu’on lui reprochait et n’a jamais non plus été entendue, malgré ses demandes répétées, précisent les médias français. Les raisons invoquées : la confidentialité.

Un proche du cardinal Ouellet, qui avait mené l’inspection de la religieuse, soit Jean-Charles Nault, abbé de Saint-Wandrille, en Normandie, a seulement indiqué au journal Le Monde qu’il ne s’agissait pas d’un problème « sexuel » ou d’une affaire de mœurs. Lui aussi est visé par la démarche judiciaire de mère Ferréol, tout comme Emmanuelle Desjobert, mère abbesse de Sainte-Marie-de-Boulaur.

Le Vatican avait pour sa part rejeté le recours de la religieuse en juin 2021.

À la rue

Les conséquences pour la religieuse sont importantes, rapportent les journaux français. Désormais âgée de 57 ans, elle s’est retrouvée à la rue.

« [Marie Ferréol] a perdu sa vie au sein de sa communauté, où elle était entrée à 21 ans, chose qui lui était la plus chère », a indiqué au Monde son avocate, MAdeline Le Gouvello. « [La religieuse] se trouve désormais confrontée à des difficultés matérielles : sans emploi, sans logement, elle n’a pas droit aux indemnités chômage et ne perçoit plus le [Revenu de solidarité active (RSA)]. Personne dans la communauté des dominicaines du Saint-Esprit ne s’est préoccupé de savoir comment elle pourrait vivre. »

« Elle espère que cette action sera l’occasion de faire la vérité sur cette affaire et de contribuer à une meilleure justice canonique, poursuit MLe Gouvello au journal français. Il n’est pas concevable que l’on puisse se débarrasser ainsi arbitrairement de personnes sans en payer le prix. »