Quatre ans de prison pour Ilias El Azali « Le plus jeune ne connaîtra pas son père »

Un chauffard qui a tué un père de famille dans une course de rue à Montréal a été condamné à quatre ans de prison. Le juge a fermement dénoncé la conduite dangereuse du délinquant.

« La mort d’une personne innocente lors d’une course de rue peut être si facilement évitée », a dit le juge Pierre E. Labelle mercredi au palais de justice de Montréal. Il a également condamné le fait qu’Ilias El Azali avait « volontairement et rapidement choisi de fuir les lieux ».

Le juge Labelle a condamné l’accusé à quatre ans d’incarcération, ainsi qu’à une interdiction de conduire de deux ans. Il juge cette interdiction « nécessaire », bien qu’elle ne soit pas obligatoire.

Le délinquant de 30 ans avait plaidé coupable en décembre dernier aux chefs d’accusation de conduite dangereuse causant la mort et de délit de fuite mortel.

Des vies chamboulées

« Le plus jeune ne connaîtra pas son père », a souligné le juge Labelle, qui estime que cette course de rue mortelle aura des conséquences à long terme pour les proches du défunt, Kevin Jones-Bynoe.

Le juge Labelle a offert ses plus sincères condoléances aux proches de la victime, qui étaient présents dans la salle d’audience. « Rien ne changera la douleur que vous ressentez, leur a-t-il dit. Je souhaite que votre chemin soit parsemé de personnes bienveillantes. »

Un accident « effroyable »

Le 8 novembre 2020, au petit matin, le taxi dans lequel se trouve Kevin Jones-Bynoe est percuté de plein fouet par le véhicule de l’accusé, qui roule à très haute vitesse.

La collision se produit à une intersection de la rue De Salaberry, dans Cartierville, alors que le délinquant brûle un feu rouge, en pleine course de rue avec une connaissance qu’il décrira comme « une mauvaise influence ».

La victime est éjectée du véhicule, et son décès est constaté sur place. Le chauffeur du taxi est blessé à la tête.

À la suite de l’« effroyable accident », estime le juge, Ilias El Azali sort de son véhicule, puis monte dans la voiture de son complice, qui le convainc de quitter les lieux. Quelques secondes plus tard, l’accusé rebrousse chemin pour aller récupérer son téléphone cellulaire dans son véhicule. À ce moment, minimisant l’ampleur de la situation et de l’impact, il retourne chez lui.

Au matin, alors que les policiers se rendent à son domicile, il leur affirme, faussement, que sa voiture a été volée et qu’il n’a pas été impliqué dans un accident de la route.

De nombreux facteurs aggravants

Parmi les facteurs aggravants mentionnés par le juge Labelle, on note notamment la course de rue, le grand excès de vitesse en milieu urbain, le fait que l’accusé a délibérément quitté les lieux de l’accident sans appeler les secours ainsi que le fait qu’Ilias El Azali avait déjà reçu un constat d’infraction pour grand excès de vitesse dans les années précédant l’accident.

« Pour son propre plaisir, le délinquant a joué à la roulette russe avec la vie de tiers innocents », a lancé le juge, qui a fermement condamné la recherche de sensations fortes de l’accusé.

Au moment de rendre sa sentence, le juge Labelle s’est également adressé à tous les conducteurs, évoquant les principes de dénonciation et de dissuasion.

En contrepartie, le juge a souligné le fait que l’accusé, qui était accompagné par son père au moment de la détermination de la peine, n’avait pas d’antécédents judiciaires et que son risque de récidive était faible.

« Je suis satisfaite de la peine, qui se rapproche de ce que le ministère public demandait », a indiqué aux journalistes la procureure de la Couronne, M^e Anik Archambault, qui demandait une peine « sévère » de cinq ans.

L’avocate de la défense, M^e Stéphanie Basso, qui réclamait une peine de deux ans de détention, n’avait aucun commentaire à exprimer aux journalistes.