« Psychopathe, narcissique et antisocial » : un délinquant sexuel récidiviste qui a kidnappé une adolescente de 16 ans devrait être déclaré délinquant dangereux, soutient un expert en psychologie mandaté par la couronne.

Selon l’expert en psychologie et en évaluation du risque de récidive Marc-André Lamontagne, qualifier l’accusé Michel Vautour de délinquant dangereux, étiquette réservée aux pires criminels du pays, est le seul moyen de protéger la collectivité.

« Il a le profil d’un prédateur », a-t-il affirmé mercredi au palais de justice de Montréal.

L’expert a également qualifié son risque de récidive comme étant élevé.

Michel Vautour a plaidé coupable à trois chefs d’accusation en juillet 2021 : enlèvement, fuite et prétendre faussement être un policier.

Il aurait eu l’intention de la violer

Le 7 août 2020, la victime, alors âgée de 16 ans, marchait sur la rue Saint-Viateur à Outremont, lorsque l’accusé immobilise son véhicule – muni d’un gyrophare – près d’elle.

Il s’identifie alors comme un policier, et dit à la victime qu’elle est suspecte dans une affaire de drogue. C’est alors qu’il la menotte, la pousse sur la banquette arrière du véhicule et lui bande les yeux. La victime se met alors à crier de toutes ses forces et demande à l’accusé de la laisser sortir. Elle crie tellement fort qu’elle craint une extinction de voix.

Par miracle, la victime réussit à ouvrir la portière du véhicule. C’est alors que le délinquant se jette sur elle pour l’empêcher de s’enfuir. Les deux protagonistes tombent au sol, la victime continue à crier.

Michel Vautour prend alors la fuite en voiture, et est arrêté à Saint-Jérôme à la suite d’une longue poursuite policière. Au moment de fouiller le véhicule, les policiers ont trouvé des jumelles, une boîte de condoms et des « tie wraps » (attaches autobloquantes).

La Couronne, représentée par MAnnabelle Sheppard, a formulé une requête à la cour pour qualifier Michel Vautour de délinquant dangereux.

Lors de l’évaluation de l’accusé par Marc-André Lamontagne, il lui confie qu’il avait l’intention de violer la victime, mais qu’il a changé d’idée. « Ils me voient comme quelqu’un de dangereux, je vais le leur prouver », a-t-il avoué au psychologue en faisant référence à son intention de départ.

Une histoire d’horreur

Cet épisode cauchemardesque a profondément traumatisé la victime. « Tu devrais avoir honte, a-t-elle lancé à l’accusé dans son témoignage écrit. Il s’agit d’un évènement que personne ne devrait vivre, surtout pas une adolescente de 16 ans. »

La jeune femme, qui était présente dans la salle avec ses proches, a également souligné dans sa lettre son choc post-traumatique, ses insomnies, ses sentiments de peur et de vigilance constants, et sa fatigue émotionnelle.

Malgré cet « évènement terrifiant digne d’un film d’horreur », elle souligne être fière d’elle. « Je suis plus forte maintenant ».

Le délinquant a également été condamné à deux ans de prison en mars 2023 pour avoir élaboré un plan d’évasion du pénitencier dans lequel il purgeait une peine de 21 ans pour des viols brutaux et violents commis dans les années 2000.

Le témoignage de l’accusé, représenté par MDiane Chartier, ainsi que les plaidoiries sont prévus pour le 19 juillet.