La Cour supérieure a autorisé mercredi une action collective visant le centre de services scolaire de l’Or-et-des-Bois pour les agressions sexuelles commises par un ex-enseignant.

La demanderesse Jacinthe Boisvert St-Laurent affirme avoir été agressée par Jean-Pierre Colas en 1987, alors qu’elle n’avait que 17 ans et fréquentait la polyvalente Le Carrefour, à Val-d’Or. L’agression aurait pris la forme de pénétrations anales et aurait rapidement été dénoncée à un dirigeant de la polyvalente par la mère de la victime. Ce dirigeant aurait toutefois affirmé que rien ne pouvait être fait même si la problématique était bien connue.

« L’employeur savait à l’époque [que l’agresseur] avait des contacts inappropriés avec des élèves et les gestes ont été ignorés, a déclaré Mme Boisvert St-Laurent, qui est également la représentante des victimes. Nous n’avons pas été protégés. »

Aujourd’hui décédé, Jean-Pierre Colas a officié à la polyvalente Le Carrefour comme enseignant de français et entraîneur de water-polo de 1972 jusqu’en 1993, quand il a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur un élève.

Mme Boisvert St-Laurent a pu identifier au moins trois à six victimes de M. Colas à la suite de l’obtention de documents de la Cour. Elle estime qu’il pourrait y en avoir davantage. « Mes avocats ont reçu des informations comme quoi il y aurait d’autres victimes, a-t-elle fait savoir. J’appelle toutes les victimes à se rallier. »

Une première

Cette action collective est la toute première visant un centre de services scolaire francophone pour une affaire d’agressions sexuelles par un enseignant. L’issue du procès pourrait donc ouvrir la voie « à ce que les centres de services scolaires du Québec, en tant qu’employeurs, soient tenus responsables de leur laxisme en matière de sécurité des enfants dans des cas d’agressions sexuelles dénoncées », a affirmé l’avocate MMaryse Lapointe, dans un communiqué.

Une décision favorable aux demandeurs confirmerait ainsi « la responsabilité légale des institutions d’enseignement envers les enfants ».

MLapointe estime par ailleurs que « rien ne justifie l’inaction d’un employeur en cas d’allégations d’agressions sexuelles sur des mineurs » et que la priorité des écoles devrait toujours être de protéger les enfants.

La cause sera entendue au palais de justice de Val-d’Or « dans la prochaine année ou [dans] les prochaines années ».

Joint par La Presse, le centre de services scolaire de l’Or-et-des-Bois a affirmé par courriel avoir « suivi la recommandation de ses procureurs de ne pas contester à cette étape du processus » en raison du « seuil peu élevé pour l’autorisation en matière d’action collective ». Le centre « compte plutôt faire valoir ses droits d’une défense pleine et entière lors de l’audition sur le fond de la demande d’action collective », a fait savoir par écrit la coordonnatrice aux communications, Caroline Neveu.