Des dizaines de diplômés en enseignement de l’Université McGill attendent depuis plusieurs mois leur brevet parce qu’en raison de problèmes informatiques et du manque de personnel, l’université tarde à acheminer leurs documents au ministère de l’Éducation.

Ce qu’il faut savoir

  • Des étudiants de l’Université McGill qui ont terminé leurs études pour devenir enseignants attendent depuis plusieurs mois de recevoir leur brevet.
  • En pleine pénurie d’enseignants, ils dénoncent cette situation qui les empêche d’accéder à certains postes.
  • L’Université McGill dit avoir agi avec « diligence » et affirme qu’il s’agit d’une situation causée par des « problèmes de logiciels ».

En décembre dernier, comme d’autres étudiants, Vincent J. Carbonneau a terminé sa maîtrise qualifiante en enseignement (Master in the Arts of Teaching and Learning), qui lui permet de devenir prof dans les écoles secondaires de la province.

Depuis, il attend que l’Université McGill transmette son dossier au ministère de l’Éducation pour qu’on lui délivre son brevet d’enseignement.

Or, après des mois, le document tant convoité n’arrive pas pour 45 titulaires de maîtrise.

Vincent J. Carbonneau qualifie la situation d’« inacceptable » et explique que le fait qu’il n’ait pas son brevet lui bloque l’accès à certains postes dans les écoles publiques. « J’ai appliqué à certaines écoles privées et chaque fois, on me demande mon brevet », poursuit-il.

En attente depuis le mois de février, des étudiants ont écrit à plusieurs reprises au département d’éducation de l’Université McGill pour obtenir des explications. Le 16 mai, une employée a répondu qu’en raison du « manque d’employés dans le département », il y avait eu des délais dans l’envoi des dossiers au Ministère.

Tous les dossiers seront soumis d’ici la fin du mois et les étudiants en seront alors avisés, ajoute-t-elle dans ce courriel obtenu par La Presse.

« Problèmes de logiciels »

À l’Université McGill, on explique que ce retard est attribuable à « des problèmes de logiciels et de personnel ».

Un changement de logiciel à l’échelle de l’université pour les étudiants diplômés a entraîné une complication imprévue affectant les dossiers des étudiants.

Extrait d’un courriel non signé de l’Université McGill

Les dossiers des étudiants ont-ils finalement été envoyés au Ministère ? Ils ont été « compilés manuellement » et sont « en cours d’envoi », nous répond-on.

« McGill n’est pas une université pauvre. De me dire que c’est parce qu’il manque des employés… pour moi, c’est un problème institutionnel », dit M. Carbonneau, qui ajoute qu’en pleine pénurie d’enseignants, la situation est « ridicule ».

Il manque bel et bien d’enseignants qualifiés dans la province. Dans un rapport déposé la semaine dernière, la vérificatrice générale du Québec a constaté que près de 30 000 enseignants, soit le quart des effectifs, ont enseigné dans les écoles québécoises sans avoir un brevet d’enseignement.

Une lettre en attendant

L’Université McGill a fourni aux étudiants une lettre qui atteste qu’ils ont terminé leurs études, mais les centres de services scolaires ne peuvent la reconnaître comme un brevet officiel. « Plusieurs étudiants en ont déjà profité », nous écrit-on.

« Ce n’est pas un document légal. Je travaille au centre de services scolaire de Montréal et je ne peux pas être sur les listes de priorité parce que je n’ai pas le brevet. J’ai tout expliqué ça à McGill, mais ils n’ont pas l’air de nous prendre au sérieux », dit un autre diplômé, qui a demandé l’anonymat parce qu’il craint que sa sortie publique nuise à sa recherche d’emploi.

Exaspéré, il a contacté lundi le ministère de l’Éducation pour lui demander d’intervenir.

Pour Vincent J. Carbonneau, le brevet d’enseignant a une plus grande valeur que le diplôme universitaire. C’est « la reconnaissance professionnelle », dit le prof.