« Horrifiants », « atroces », « révoltants », « odieux », « impardonnables ». Le juge Manlio Del Negro était à court d’adjectifs pour décrire la gravité des agressions sexuelles perpétrées par un père sur sa fille de 8 ans. L’homme de 50 ans a été condamné jeudi à huit ans de pénitencier.

« D’entreprendre des relations vaginales et anales avec une fillette de 8-9 ans équivaut à l’une des formes les plus dégradantes d’exploitation sexuelle qui est équivalente à une forme de supplice torturant. L’agir criminel dénote un degré de perversion préoccupant », a tranché le juge au palais de justice de Montréal.

Malgré ces mots extrêmement durs, le magistrat n’a pas retenu la suggestion de peine de 10 ans de détention du ministère public, la qualifiant de « légèrement excessive ». Le juge a ainsi considéré les remords « sincères » du délinquant, sa démarche thérapeutique et sa reconnaissance de culpabilité.

Le père de 50 ans – qu’on ne peut identifier pour protéger sa fille – a plaidé coupable l’an dernier à des accusations d’inceste et d’agression sexuelle. De 2013 à 2015, il a profité de l’absence de sa femme, qui travaillait de nuit, pour agresser sexuellement leur fille cadette à une dizaine de reprises.

« Cet homme m’a fait vivre un enfer », avait témoigné sa fille, maintenant âgée de 17 ans, en décembre dernier. La courageuse adolescente avait dénoncé son père en 2019, quatre ans après les agressions.

« J’ai été dégoûtée par la décision que mon père a prise. J’ai été dégoûtée par mon existence. Je me suis sentie comme une petite fille non voulue sur qui on avait jeté un mauvais sort », avait confié la victime.

Malgré ce qu’elle a subi, elle a depuis pardonné à son père. Le juge a ainsi tenu à souligner le « calme, l’intelligence et la dignité » de la victime, de même que sa « force » et son « courage ».

Parmi les nombreux facteurs aggravants, le juge Del Negro a relevé le jeune âge de la victime, une fillette « entièrement dépendante de son père », la position de confiance du délinquant, la fréquence et la durée des agressions et l’acte de pénétration anale, « une grave atteinte à la dignité humaine de la victime ».

« Le Tribunal ne peut concevoir un acte ayant plus de culpabilité morale que celui où un parent agresse sexuellement son enfant. En particulier lorsque l’abus a eu lieu quand l’enfant était jeune et que l’abus était répétitif et s’est échelonné sur plusieurs mois », a analysé le juge.

La défense, représentée par MJean-François Boudreau, demandait la peine minimale de cinq ans de détention en raison de la réhabilitation « exemplaire » de l’accusé.

Or, pour un tel crime, le juge se devait de privilégier les principes de « dénonciation et de dissuasion ». Le magistrat cite d’ailleurs à de nombreuses reprises des extraits de l’arrêt Friesen, une décision phare de la Cour suprême, qui a durci les peines à l’égard des agresseurs d’enfants.

MCharles Doucet représentait le ministère public.