Radio-Canada a diffusé jeudi deux nouveaux témoignages de femmes qui disent avoir croisé la route du milliardaire montréalais Robert Miller alors qu’elles étaient mineures. L’une affirme avoir eu plusieurs relations sexuelles avec lui contre rémunération. L’autre dit que le sujet a été évoqué par l’homme d’affaires mais que la discussion n’a pas eu de suites.

Le 2 février, l’émission Enquête révélait avoir recueilli les témoignages d’une dizaine de femmes disant avoir eu des relations sexuelles contre rémunération avec M. Miller entre 1994 et 2006. Six d’entre elles auraient affirmé qu’elles étaient mineures au moment des faits.

Le reportage décrivait un système de recrutement et de distribution de cadeaux ainsi que d’argent pour les filles. M. Miller nie les faits « avec fermeté et véhémence », selon un communiqué diffusé la semaine dernière.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) confirme de son côté avoir enquêté sur cette affaire entre 2008 et 2009. Un dossier a été remis au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), mais aucune accusation n’a été portée.

Gros cadeaux

Dans un nouveau reportage, une femme qui témoigne sous le couvert de l’anonymat affirme avoir été payée pour divers actes sexuels avec le milliardaire et avoir recruté des amies de son école secondaire à cette fin. Elle explique à Radio-Canada que ses rencontres avec M. Miller avaient lieu presque exclusivement à l’hôtel Le Reine-Elizabeth de Montréal, entre 2000 et 2003, alors qu’elle avait entre 14 et 17 ans.

Elle dit avoir reçu des cadeaux ainsi que de l’argent.

Plus ça allait, plus les cadeaux sont devenus gros et importants.

Une femme qui témoigne sous le couvert de l’anonymat dans un nouveau reportage de Radio-Canada

La femme dit avoir rencontré des enquêteurs du SPVM au cours des derniers jours pour raconter son histoire. Un policier l’aurait rassurée en lui disant que l’arrestation des filles ayant recruté d’autres victimes éventuelles n’était pas au programme. « Je pense qu’ils vont faciliter les dénonciations », a-t-elle dit aux journalistes de la télévision publique.

Rencontre à Westmount

Une autre femme, Julie Dagenais, témoigne pour sa part à visage découvert dans le cadre du même reportage. Elle affirme avoir eu une rencontre avec Robert Miller dans une maison de Westmount alors qu’elle avait 17 ans, en 2007. Elle dit avoir reçu quatre paires de souliers de grande valeur en cadeau. M. Miller lui aurait dit que lors de leur prochaine rencontre, ils iraient plus loin. Selon elle, il a évoqué une relation sexuelle sans condom, en mentionnant qu’il était propre et passait des tests de dépistage de maladies transmissibles sexuellement.

Mme Dagenais dit avoir dévoilé la situation à ses parents et ne jamais être retournée chez le milliardaire.

Même s’il nie avoir quoi que ce soit à se reprocher, Robert Miller avait annoncé qu’il démissionnait de son poste de président de la multinationale montréalaise Future Electronics, vendredi dernier. Selon les informations inscrites au Registre des entreprises du Québec, Robert Miller et son fils Rodney Miller ont quitté leurs fonctions de président et d’administrateur de l’entreprise, mais Robert Miller demeure le propriétaire de la société de portefeuille qui détient Future Electronics.

Dans une déclaration envoyée à Radio-Canada, un de ses porte-parole répète que selon l’homme d’affaires, les allégations des femmes sont fausses et « motivées par l’appât du gain ». Il ajoute que ces allégations seraient soutenues et encouragées par l’ex-conjointe de M. Miller « dans un dessein strictement pécuniaire et financier ».