Même s’il nie avoir quoi que ce soit à se reprocher, le président de l’entreprise montréalaise Future Electronics démissionne de ses fonctions, dans la foulée d’un reportage de Radio-Canada rapportant les témoignages de femmes qui disent avoir été payées pour lui offrir des services sexuels alors qu’elles étaient mineures.

L’émission Enquête de Radio-Canada se basait sur les témoignages d’une dizaine de femmes qui disent avoir eu des relations sexuelles contre de l’argent avec le milliardaire montréalais Robert Miller entre 1994 et 2006. Six d’entre elles auraient affirmé qu’elles étaient mineures au moment des faits. Le reportage décrit tout un système de recrutement, d’encadrement et de distribution de cadeaux et d’argent pour les filles.

Dans un communiqué, Future Electronics annonce que M. Miller quitte ses fonctions pour se concentrer sur ses problèmes de santé et « consacrer son attention aux démarches judiciaires reliées aux allégations faites par Radio-Canada ».

« M. Miller nie avec fermeté et véhémence les allégations malicieuses faites contre lui et confirme qu’elles sont fausses et complètement non-fondées et qu’elles ont été soulevées à la suite d’un divorce acrimonieux. Elles sont maintenant répétées pour un gain financier », poursuit le communiqué.

L’entreprise affirme aussi qu’une enquête policière a été menée et que les autorités ont jugé les allégations non fondées. L’avocat de M. Miller et le porte-parole de l’entreprise n’ont pas répondu à un appel de La Presse vendredi.

Le DPCP invite les gens à se manifester

Plusieurs sources bien au fait du dossier ont confirmé à La Presse que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a mené une enquête et rencontré plusieurs victimes alléguées dans cette affaire, il y a un peu plus d’une décennie.

« Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a mené une enquête en 2008-2009 et a soumis son dossier au DPCP », a confirmé par communiqué le corps policier, vendredi après-midi.

Selon nos sources, l’absence d’accusations criminelles ne signifie aucunement que les allégations ont été jugées non fondées. Elles découlent d’une analyse des possibilités de condamnation par des procureurs du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et de diverses démarches entreprises par les représentants de l’homme d’affaires.

Le DPCP a invité vendredi « toute personne, victime ou témoin, qui aurait des informations sur les faits relatés à l’émission Enquête […] » à contacter le SPVM.

« Si de nouveaux éléments sont soumis au SPVM, le DPCP collaborera avec les enquêteurs et pourra réviser le dossier », précise l’organisme.

Avec Daniel Renaud, La Presse