Un trafiquant d’armes à feu montréalais libéré du pénitencier en juillet dernier malgré sa dangerosité n’a mis que quelques semaines à retomber dans la criminalité. En apprenant qu’il resterait détenu, Anatoliy Vdovin a lancé des menaces à peine voilées à la commissaire.

« Vous avez interrompu la Commission et utilisé des grossièretés pour dire que nous allions payer pour ça [pay for everything] et que vous nous verriez bientôt », a conclu la commissaire Geneviève Boudreau de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) en révoquant la libération d’office du délinquant le 16 décembre dernier.

Anatoliy Vdovin est un trafiquant d’armes très actif condamné en 2018 à 10 ans de détention. Mais en tenant compte de la détention préventive, il ne lui restait que la moitié à purger. Le Montréalais possédait les pièces nécessaires pour fabriquer près de 1000 fusils d’assaut AK-47, 180 silencieux et 25 chargeurs à haute capacité.

« Je peux seulement imaginer les dommages causés par la production et la distribution de ces armes à feu sur le marché noir », avait témoigné un expert en armes à feu au procès.

Le pénitencier n’a pas assagi Anatoliy Vdovin, bien au contraire. Il a même été condamné à un an de détention supplémentaire en novembre 2021 pour avoir menacé de mort une personne pendant sa détention. Son agressivité et ses menaces à l’endroit du personnel l’ont même mené dans un pénitencier à sécurité maximale.

Libération de courte durée

Même si la CLCC a refusé de lui accorder sa libération conditionnelle totale en mai 2022, Anatoliy Vdovin a été libéré d’office en juillet 2022. Cette libération est accordée quasi automatiquement aux deux tiers de la peine. Il était toutefois soumis à plusieurs conditions.

À peine deux semaines plus tard, le trafiquant d’armes s’est fait pincer avec un cellulaire, ce qui lui était interdit. Il a alors demandé à l’intervenant de son Équipe de gestion de cas (EGC) de « fermer les yeux ». Devant son refus, Anatoliy Vdovin s’est insurgé contre ses conditions en termes peu flatteurs.

Quelques semaines plus tard, l’EGC a appris de deux sources fiables qu’Anatoliy Vdovin était impliqué dans des « activités illicites pouvant mettre en péril la sécurité d’une ou plusieurs personnes ».

Ces informations jugées « hautement préoccupantes » ont mené à la suspension de sa libération le 20 septembre dernier.

Pendant sa rencontre post-suspension avec son EGC, Anatoliy Vdovin a lancé ses paroles lourdes de sens : « Vous ne pouvez pas me faire ça. Rien ne sera oublié. Tous ceux responsables devront en répondre. » Le délinquant soutient qu’il reprochait à l’EGC d’avoir volé ses affaires.

« Le déni complet de vos torts ne suffit pas. La Commission estime que vous vous êtes associé avec des individus impliqués dans des activités criminelles et que vous avez manqué complètement de transparence avec votre EGC », a conclu la CLCC, en soulignant l’attitude « asociale » d’Anatoliy Vdovin. Il restera ainsi détenu jusqu’à nouvel ordre.

Le délinquant de 53 ans a fait les manchettes il y a quelques années dans un dossier médiatisé. Il avait été accusé, puis acquitté par un jury en 2018 d’avoir conseillé à quelqu’un en 2013 de tuer l’actuel ministre Ian Lafrenière, alors que ce dernier était porte-parole de la police de Montréal.