Nicous D’Andre Spring devait être à la maison le jour de Noël.

« Ils ont pris mon petit frère. Ils ont pris l’unique fils de ma mère », murmure Sarafina Spring d’une voix chevrotante.

Le 24 décembre, son frère est mort après une intervention des agents correctionnels à la prison de Bordeaux, où il était détenu illégalement. En attente de son procès, il aurait dû être libéré le 23 décembre.

Lisez l'article « Détenu mort à Bordeaux : des manquements dans l’utilisation du gaz poivre auraient précédé le décès »

Famille, amis, voisins : plus d’une centaine de personnes ont observé une veillée à la mémoire de Nicous D’Andre Spring, vendredi soir, au parc Benny, dans le quartier de Notre-Dame-de-Grâce.

Au centre de la foule compacte, Sarafina Spring est incapable de retenir ses sanglots. Sa douleur est vive. Sa colère aussi.

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Foule rassemblée à la mémoire de Nicous D’Andre Spring, vendredi soir

Quelques jours plus tôt, son frère lui rendait visite chez elle. « Il nous a dit qu’il reviendrait pour offrir à sa nièce son cadeau de Noël. »

Mais il n’est jamais revenu.

Nicous D’Andre Spring est mort la veille de Noël à la suite d’une intervention physique des agents correctionnels de la prison de Bordeaux. Une série de manquements dans l’utilisation du gaz poivre auraient précédé sa mort.

Ça fait mal. Tellement mal. J’ai le cœur brisé. Je ne dors pas, je ne mange pas, je ne pense pas.

Sarafina Spring, sœur de la victime

« Nicous était la définition d’un gentil géant. Il parlait doucement. Ce n’était pas quelqu’un d’agressif. Il souriait tout le temps », confie son ami de longue date Brandon Ragain.

La lueur des bougies éclaire sa mine sombre. Il tient une pancarte colorée sur laquelle il est inscrit « On t’aime YK Lyrical ». C’était son nom de scène. Aspirant rappeur, Spring « courait après ses rêves », raconte Brandon. Les deux amis ont commencé à faire de la musique pendant la pandémie pour déjouer l’ennui.

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Brandon Ragain

« C’était un jeune homme qui avait beaucoup de vie, beaucoup de talent », décrit Brandon.

Une vie « enlevée »

La communauté endeuillée réclame justice pour la mort de Nicous D’Andre Spring.

« Comment pouvez-vous prendre la vie de quelqu’un comme ça ? La vie de ce jeune garçon lui a été enlevée », dénonce son oncle, George Spring.

Lorsqu’il a appris la tragique nouvelle, ses jambes l’ont lâché. « Il me manque beaucoup. C’était un garçon adorable », souffle-t-il.

Pour Brandon Ragain, ce qui est arrivé à son ami est une « honte ».

« Il était censé sortir le 23 décembre. Ils l’ont gardé illégalement. On savait tous que le système était imparfait. Mais quand ça touche près de la maison, c’est différent. Nous nous battrons pour Nicous. Nous n’allons pas laisser son nom mourir », jure le jeune homme.

N’importe qui aurait pu être à sa place. « Ça peut arriver à n’importe lequel d’entre nous », dénonce-t-il.