Au lendemain de Noël, une femme a été assassinée par un homme qui s’est ensuite donné la mort dans un édifice de logements de Pointe-aux-Trembles, dans l’est de Montréal. Il s’agit du 40e meurtre à survenir dans la métropole en 2022.

« C’est toujours elle qui criait : “Va-t’en !” et “Je ne veux plus te voir !” », témoigne à La Presse un voisin qui a préféré garder l’anonymat. Vivant dans un appartement adjacent à celui de la victime sur la 25Avenue, à Pointe-aux-Trembles, il a entendu une dispute dans l’après-midi lundi, avant le meurtre.

« Au départ, j’avais l’impression qu’il y avait seulement elle [qui vivait dans ce logement], mais de temps en temps, ce monsieur-là venait, soutient le voisin. Et de temps en temps, il y avait de grosses disputes, le plafond en tremblait, les murs aussi. »

« Hier matin, j’étais content, parce que je l’entendais rire [la victime], donc tout était correct, poursuit-il. Et hier après-midi, il y a eu une grosse chicane. C’était toujours elle qui criait : “Je ne veux plus te voir, va-t’en !” C’était toujours les mêmes mots qui revenaient. »

Au milieu de la nuit, quand ce voisin a voulu aller faire du lavage, il a trouvé le corps de la victime dans la cage d’escalier menant à la buanderie, explique-t-il.

J’ai vu une grande flaque foncée, donc j’ai levé les yeux et j’ai vu des vêtements, une tête, un bras qui pendait…

Un voisin de la victime

Il a contacté le 911. Il en a tremblé pendant près de trois heures. S’il ne venait pas de renouveler son bail, il déménagerait.

« Elle n’était pas grande, toute petite, très jolie, toujours bien habillée, avec un grand sourire », se souvient-il.

D’autres voisins ont affirmé à La Presse n’avoir rien entendu ni la veille ni le soir du meurtre. Deux d’entre eux, qui ont aussi préféré taire leur nom, affirment qu’il s’agit d’un immeuble très tranquille.

« C’est proche de chez nous, donc c’est sûr que ça fait bizarre », observe aussi Claudia Acciaoli, résidante d’un autre édifice du complexe immobilier rencontrée dans un stationnement.

Le 40meurtre de 2022 à Montréal

Les premières constatations du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) lui ont permis d’affirmer que la dame a été assassinée par l’homme qui s’est par la suite suicidé.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Les circonstances du drame font l’objet d’une enquête de la part de membres de l’escouade des crimes majeurs du SPVM.

Les cadavres des deux personnes, toutes deux âgées de 45 ans, ont été trouvés dans l'escalier de l’immeuble. Il s’agit d’un bâtiment de 12 logements du complexe Jardins St-Georges-Turret.

Les autorités ont été contactées vers minuit, dans la nuit de lundi à mardi.

La femme était bel et bien une résidante de l’immeuble, mais pas son agresseur présumé, confirme Gabriella Youakim, relationniste médias pour le SPVM. Celui-ci n’avait pas non plus de casier judiciaire.

Dès leur arrivée, les policiers ont relevé des marques de violence sur le corps de la dame. Elle est devenue la 40victime de meurtre depuis le début de l’année en cours sur le territoire patrouillé par le SPVM.

Les circonstances du drame font l’objet d’une enquête de la part de membres de l’escouade des crimes majeurs du SPVM, qui ont entrepris leur travail en interrogeant des résidants du secteur. Entre-temps, des techniciens en identité judiciaire ont commencé à passer les lieux du drame au peigne fin.

Lisez « Meurtres à Montréal en 2022 : le bilan le plus lourd en 15 ans »

Féminicide présumé

Il pourrait s’agir du 15e féminicide à survenir au Québec en 2022, selon Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes du Québec. Ce nombre est inférieur aux 26 femmes tuées en 2021, mais tout de même supérieur à la moyenne des 10 dernières années, qui était de 12 féminicides, spécifie-t-elle.

« Souvent, la problématique qu’on voit, c’est que les drapeaux rouges – les critères au niveau de la dangerosité [des conjoints ou ex-conjoints] – n’ont pas été pris en compte, ou n’ont pas été évalués à leur juste valeur, affirme-t-elle. Donc, il y a un problème de dépistage [de la violence faite aux femmes] de la part des [différents] intervenants. »

Avec La Presse Canadienne

En savoir plus
  • 200
    Nombre de femmes qui ont affirmé avoir été victimes d’une tentative de meurtre en 2022 dans les services de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes du Québec
    Source : Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes du Québec