Trente-neuf homicides avaient été commis cette année à Montréal, au 26 décembre. Il faut reculer de 15 ans pour retrouver un bilan encore plus lourd, soit 42 meurtres survenus en 2007.

La moitié des homicides de cette année, soit 19 sur 39, ont été commis avec l’aide d’une arme à feu ; c’est la même proportion que l’an dernier.

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En revanche, le commandant des Crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Jean-Sébastien Caron, fait remarquer qu’il y a eu 14 meurtres par arme à feu avant le 23 août et que ce chiffre est tombé à cinq durant les quatre derniers mois de l’année.

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Jean-Sébastien Caron, commandant des Crimes majeurs du SPVM

« Clairement, c’est relié à plusieurs arrestations qui ont eu lieu et à la présence policière qui a beaucoup augmenté. Il n’y a rien de scientifique dans la police, mais quand il y a de la présence et des arrestations, cela envoie quand même le message aux criminels qu’ils sont surveillés », dit M. Caron.

Encore le crime organisé

Au 26 décembre, on dénombrait 14 mobiles de règlement de comptes sur 39 homicides, plus du tiers.

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Dix de ces règlements de comptes sont liés au crime organisé, dont trois aux gangs de rue.

Parmi ces meurtres, soulignons notamment ceux de Stéphane Dupuis, tué en avril alors qu’il attendait devant un lave-auto ; de l’un de ses proches, Manuel Légaré, trouvé mort le 10 octobre dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce et dont l’assassinat était passé sous le radar ; et de Sébastien Giroux, un proche du tueur à gages Frédérick Silva abattu en mai.

Les règlements de comptes et les dossiers de crime organisé, c’est normal que ça prenne du temps. On les regarde et on les analyse, et avec toutes les ordonnances de communication, les téléphones, les ordinateurs, les GPS, c’est long. Il faut obtenir autorisation par-dessus autorisation. Ce ne sont pas des dossiers qui se résolvent rapidement, mais on sait qu’on va finir par le faire.

Jean-Sébastien Caron, commandant des Crimes majeurs du SPVM

Selon le commandant Caron, les règlements de comptes et les meurtres liés au crime organisé expliquent que le taux de résolution des meurtres soit, pour le moment du moins, de 56 % en 2022.

Une exception à la règle

Le 23 août dernier, en plein jour, un importateur de cocaïne, Maxime Lenoir, a été tué dans le stationnement du Centre Rockland. Le trentenaire est visiblement tombé dans un traquenard, ayant été tué par le passager d’un véhicule près duquel il se trouvait.

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Même s’il s’agit d’un meurtre lié au crime organisé, il n’a fallu qu’un mois aux enquêteurs pour arrêter les suspects, grâce notamment aux nombreuses caméras de surveillance qui leur ont permis de remonter jusqu’à la planification du meurtre et même d’assister à l’organisation de la fuite.

« Les caméras, c’est rendu hyper utile pour nous, mais c’est énormément demandant. À Montréal, il y en a, des caméras. Et pas seulement celles de la Ville, surtout celles des citoyens. Il faut prendre rendez-vous avec chaque citoyen, le convaincre de nous remettre les vidéos. Les différents formats et l’analyse de tout ça, ce sont des centaines et des centaines d’heures. Ça paraît simple, mais c’est assez complexe, toute la logistique pour le visionnement. Mais ça nous donne de bonnes pistes d’enquête. Les citoyens sont réceptifs la plupart du temps et la résolution des dossiers d’homicide, ça passe par la collaboration avec eux. Il faut que les citoyens nous le donnent, ce coup de main. Oui, on connaît des choses et on a des pouvoirs, mais il reste qu’il n’y a jamais rien de mieux que des citoyens qui vont collaborer, qui vont nous parler et donner juste la petite info pour nous enligner », explique le commandant Caron.

Une grande fierté

De l’année 2022, Jean-Sébastien Caron retient particulièrement les arrestations des suspects du meurtre de Meriem Boundaoui, cette adolescente de 15 ans tuée par une balle perdue alors qu’elle était passagère d’une voiture, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, en février 2021.

Les Crimes majeurs n’ont pas lésiné sur les moyens pour arrêter les suspects ; ils ont notamment eu recours à l’écoute électronique et à un agent d’infiltration durant cette enquête qui a duré 17 mois.

Les victimes

Hommes : 32, dont deux mineurs

Femmes : 7

Les suspects arrêtés

Hommes : 22, dont 6 mineurs

Femmes : 2

Source : SPVM

Je lève mon chapeau à nos enquêteurs. Ils sont extrêmement engagés, ils veulent et font beaucoup d’heures. Et ce qu’on oublie souvent, c’est la pression qu’ils ont également des familles. Les enquêteurs prennent beaucoup de temps avec les membres des familles des victimes, qu’ils accompagnent jusqu’à la cour.

Jean-Sébastien Caron, commandant des Crimes majeurs du SPVM

Les enquêteurs des Crimes majeurs du SPVM ont également le mandat de négocier la reddition des individus désespérés qui se barricadent et constituent un danger pour eux ou autrui (opérations Filet) et d’enquêter sur les vols qualifiés dans les institutions bancaires.

En 2021, ils avaient été impliqués dans 23 opérations Filet, comparativement à 11 au 26 décembre 2022, une baisse de 50 % attribuée au déconfinement par le commandant Jean-Sébastien Caron.

Ils ont enquêté sur 17 vols qualifiés dans des institutions financières cette année, comparativement à 6 l’an dernier, soit trois fois plus.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.