Une femme ayant travaillé comme attachée politique de l’ancien député caquiste de Groulx, Claude Surprenant, est accusée de fraude, d’usage de faux et de parjure à la suite d’une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

Julie Nadeau a été accusée jeudi dernier. Selon la police, « Mme Nadeau, qui s’occupait de la comptabilité du bureau de circonscription du député Claude Surprenant, a détourné des sommes totalisant plus de 8000 $ du compte de banque du bureau du député vers son compte personnel », en 2014 et 2015.

« De plus, l’enquête a démontré que Mme Nadeau avait présenté des documents médicaux falsifiés de façon à bénéficier d’un arrêt de travail prolongé », poursuit l’UPAC dans un communiqué.

Mme Nadeau avait été embauchée comme attachée politique en avril 2014, mais le député l’avait congédiée pour fautes graves en décembre 2016. Mme Nadeau avait alors entamé des procédures pour congédiement injustifié devant le Tribunal administratif du travail.

« Pendant ce procès, lors de ses témoignages sous serment entre 2018 et 2021, Mme Nadeau s’est parjurée à plusieurs reprises en affirmant être titulaire d’un baccalauréat en droit, puis d’un baccalauréat multidisciplinaire et d’un certificat en droit. Après vérifications, Mme Nadeau ne détient aucun diplôme universitaire », affirme l’UPAC.

Lors de l’audience devant le Tribunal, Mme Nadeau avait présenté un faux diplôme de l’Université Laval, truffé de fautes d’orthographe.

Lorsque sa supercherie a été démasquée, elle a affirmé que son ex-conjoint lui avait fourni ce diplôme et l’avait accroché au mur de son bureau, « ce qui lui a fait croire qu’elle l’avait vraiment obtenu ».

En février 2022, le Tribunal a conclu que le congédiement de la femme était justifié.

« La plaignante occupait un poste d’importance au bureau de comté en ce qu’elle gérait les finances du bureau en disposant d’une très grande autonomie. Elle était celle que le député avait désignée pour recevoir tous les renseignements financiers de la part de l’Assemblée et elle s’engageait en son nom auprès de cette dernière pour y obtenir des services ainsi qu’auprès des citoyens et des fournisseurs », avait expliqué la juge administrative Karine Blouin dans son jugement.

« Dans ces circonstances, le fait pour la plaignante de s’approprier des sommes indues, de mentir à au moins un fournisseur et au député constitue des fautes graves. Ce dernier ne peut plus lui faire confiance et son congédiement immédiat était justifié », tranchait la juge administrative.

Au monde politique d’ouvrir l’œil

Dès 2017, La Presse avait révélé que le député avait porté plainte à la police pour vol contre son ancienne attachée politique. Mme Nadeau avait fait la manchette à l’époque, en déclarant avoir fait du travail partisan pour la CAQ alors qu’elle était rémunérée par l’Assemblée nationale.

Claude Surprenant a été éjecté du caucus de la CAQ en raison d’irrégularités dans ses dépenses de député. Il a terminé son mandat comme indépendant et a été battu aux élections suivantes. Le commissaire à l’éthique lui avait adressé plusieurs reproches au sujet de ses dépenses. Le commissaire s’était notamment basé sur le témoignage de Mme Nadeau.

Aujourd’hui on réalise que le commissaire n’aurait jamais dû le blâmer [Claude Surprenant]. On voulait laver plus blanc que blanc à l’époque. Alors on se retrouve avec un homme élu par le peuple qui a été écarté sur la base d’un tel témoignage.

Me Pierre Paquin, avocat de l'ancien député Claude Surprenant

Le porte-parole de l’UPAC, Mathieu Galarneau, a saisi l’occasion lundi pour rappeler aux acteurs du monde politique qu’ils doivent ouvrir l’œil pour détecter les actes criminels potentiels dans leur milieu. Il a rappelé que le commissaire de l’UPAC, Frédérick Gaudreau, avait écrit directement aux élus à ce sujet.

« Les employés politiques, les fonctionnaires et les élus doivent être à même de reconnaître rapidement des actes répréhensibles tels que ceux perpétrés par Mme Nadeau. Le commissaire Gaudreau a d’ailleurs écrit aux élus en novembre dernier afin de les inviter à tenir une séance de sensibilisation à la corruption avec leurs équipes », a déclaré M. Galarneau.