Une dizaine d’armes à feu, six silencieux et un chargeur à haute capacité : les autorités avaient retrouvé un arsenal chez Antoine Ziad Chamoun en 2020. L’homme qui se dit passionné par les armes et la chasse risque maintenant onze ans de détention.

« J’adore les armes […] C’est pour la chasse, Madame », a justifié M. Chamoun à la juge Mylène Grégoire.

En 2020, les policiers ont saisi dans un sous-sol où il habitait une dizaine d’armes à feu sans numéro de série, dont une chargée, six silencieux et un chargeur à haute capacité.

Il venait alors de purger une peine de cinq ans pour des faits similaires et était alors sous le coup d’une ordonnance de la cour de ne pas posséder d’arme.

Il a été déclaré coupable en septembre dernier de possession d’une arme à feu prohibée chargée et de possession de dispositifs prohibés.

Ziad Antoine Chamoun avait été arrêté pour la première fois en 2013 avec une dizaine d’armes à feu, plus de 500 balles, trois chargeurs, un silencieux, des déguisements, des chemises de la police provinciale de l’Ontario et des cocktails Molotov. Il détenait toutefois six fusils de chasse dûment enregistrés. Il n’avait alors aucun antécédent judiciaire. « J’ai été con deux fois », a-t-il dit à la juge en guise d’explication.

Des armes volées à 300 $

L’homme de 54 ans a expliqué qu’en 2013, il avait commencé à entreposer des armes déjà utilisées pour un ami. Cette connaissance travaillait dans la construction et les vendait. « J’ai appris plus tard que c’était des armes volées », explique M. Chamoun.

La juge lui a demandé combien il avait payé chacun des dispositifs. « C’était combien, 3000 $, 4000 $ ? »

Ziad Antoine Chamoun a alors sursauté. « Non, c’est seulement 300 $ ou 400 $ ! »

Les explications du récidiviste – qui affirme être un adepte de la chasse depuis son enfance – sont peu convaincantes, selon la poursuite, représentée par MClaude Berlinguette-Auger et MAntonio Parapuf.

« M. Chamoun est loin de nous dire toute la vérité sur la raison [pour laquelle] il avait tout ça chez lui », a soutenu MBerlinguette.

Le fléau des armes à feu

La défense suggère cinq ans et demi de prison, alors que la Couronne demande 11 ans de détention.

La possession et l’utilisation d’armes à feu à Montréal sont un fléau que les tribunaux se doivent d’endiguer, a argumenté MBerlinguette. Elle a aussi rappelé que l’homme dans la cinquantaine avait récidivé peu après être sorti de prison.

Le tribunal ne doit pas donner de peine exemplaire dans ce dossier-ci à cause du fléau des armes, a plaidé MAnna Ouahnich, qui défend l’accusé. Les déchargements et les saisies d’armes dans des lieux publics sont des situations complètement différentes. « Ces armes ont été retrouvées dans un lieu privé. »

La défense a également mis de l’avant les conditions de détention difficiles de son client durant la pandémie.

La juge Mylène Grégoire rendra sa décision sur la peine le 9 janvier prochain.

Avec Louis-Samuel Perron, La Presse