(Montréal) La diplomate sénégalaise dont l’arrestation récente a provoqué un tollé à Dakar et suscité l’embarras d’Ottawa devait plus de 45 000 dollars de dommages à son propriétaire pour avoir gravement détérioré son logement, selon un document judiciaire.

Cette ordonnance du tribunal administratif du logement obtenue lundi soir par Radio-Canada et que l’AFP a pu consulter, a relancé la polémique en mettant en avant le fait que la diplomate sénégalaise a été condamnée le 2 juin pour « loyer non payé » et « dommages-intérêts pour dommages au logement ».

Le gouvernement canadien a toutefois réaffirmé sa condamnation de l’incident.

« Les actes de brutalité contre les gens, qu’ils soient des citoyens du Canada, des visiteurs de l’étranger ou des diplomates, dans tous les cas, ces actes sont inacceptables », a martelé Chrystia Freeland, interrogée à ce sujet en marge d’un déplacement dans la banlieue de Toronto.

« Notre gouvernement va faire le suivi », a ajouté la vice-première ministre.

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a précisé le même jour s’être entretenue avec son homologue sénégalaise et lui avoir assuré que le gouvernement canadien « attend(ait) avec impatience une enquête complète » en la matière.

Contactée par l’AFP, l’ambassade du Sénégal à Ottawa n’avait pas réagi dans l’immédiat.

« Le mobilier est plein de cafards. Les meubles sont éraflés et égratignés. Il en manque. Tout est sale », peut-on lire dans le document judiciaire révélé lundi soir.

« Le revêtement du plancher du sous-sol est imbibé et qu’il y a de la moisissure sur les murs du sous-sol », est-il précisé.

Ce jugement fait surface après que le ministère sénégalais des Affaires étrangères a dénoncé vendredi l’arrestation de son employée, évoquant un « acte raciste », violent et commis en dépit du « statut de diplomate de la victime et de l’inviolabilité de son domicile ».

« Les éléments de la police canadienne l’ont menottée et sauvagement tabassée, au point qu’elle a eu du mal à respirer, ce qui a conduit à son évacuation par ambulance à l’hôpital », ont fustigé les autorités sénégalaises.

Samedi, le gouvernement du Québec avait annoncé l’ouverture d’une enquête de la Sûreté du Québec après « une intervention policière qui soulève des questions ».

La police de Gatineau avait reconnu vendredi soir l’altercation survenue lorsqu’un huissier de justice « muni d’une ordonnance devant être exécutée » a demandé le concours des forces de l’ordre.

La police avait indiqué avoir fait face à « une personne agressive et refusant de collaborer ».

« Une policière a été frappée au visage et blessée », indique un communiqué, et « les policiers ont donc décidé de procéder à l’arrestation » de la diplomate. Mais elle « a résisté » et « blessé par morsure un deuxième policier ».

À « aucun » moment la diplomate « n’a mentionné avoir été blessée ou avoir des douleurs », souligne le service de police, qui reconnaît pourtant, sans plus de détails, qu’une ambulance a été dépêchée quelques minutes plus tard.