(Québec) Quatre nouvelles maisons d’aide et d’hébergement d’urgence pour des femmes victimes de violence conjugale et sexuelle ouvriront prochainement dans les régions de Montréal, de l’Outaouais et en Abitibi-Témiscamingue, entre autres. Si les besoins pour ces ressources dépassent ces ajouts, il s’agit d’un premier pas, estime Louise Riendeau, du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

Mme Riendeau réagissait lundi à Québec au dépôt de la Stratégie gouvernementale intégrée pour contrer les violences sexuelles, la violence conjugale et Rebâtir la confiance 2022-2027. Lors du dépôt du dernier budget, en mars dernier, le ministre des Finances, Eric Girard, avait octroyé 324,9 millions en nouveaux crédits pour cette stratégie. La ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, a finalement dévoilé les détails de ce plan d’action.

Le gouvernement Legault axe sa stratégie en trois axes, d’abord pour la « prévention, la sensibilisation et le dépistage », ce qui inclut des campagnes de sensibilisation, et ensuite pour améliorer « l’intervention psychosociale, médicale, judiciaire, policière et correctionnelle ».

Des mesures visent également à « développer de nouvelles maisons d’aide et d’hébergement d’urgence, de soutenir les personnes qui souhaitent sortir de la prostitution, de consolider le financement des organismes venant en aide aux personnes victimes d’agression sexuelle et ceux venant en aide aux hommes ayant des comportements violents ».

Beaucoup de travail à faire

Pour Mme Riendeau, l’aspect le plus encourageant du plan déposé par Québec est le fait qu’il soit « évolutif ». Les différents ministères impliqués rencontreront les intervenants sur le terrain afin de mesurer et corriger au besoin, en cours de route, les mesures qu’ils mettent en place.

Avec cette stratégie, le gouvernement affirme qu’il répond partiellement ou entièrement à 166 recommandations sur 190 du rapport Rebâtir la confiance sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, déposé en décembre 2020. Des projets pilotes sont également en cours afin de créer un Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, qui permettra à terme, lorsque déployé à l’échelle du Québec, « d’assurer aux personnes victimes un meilleur accompagnement avant, pendant et même après le processus judiciaire ».

« Il faudra regarder les effets [de ces mesures] sur la confiance des victimes dans le système judiciaire. […] Il faudra regarder si les mesures de prévention amènent des changements de mentalité. C’est toujours difficile à mesurer, mais je pense qu’il y a moyen de le faire », estime Louise Riendeau.

« Tant que des garçons et des filles penseront que la jalousie est une preuve d’amour, tant que des garçons se permettront de contrôler leur amoureuse, on n’aura pas réglé le problème », ajoute-t-elle.

Du côté du gouvernement, la ministre Isabelle Charest a affirmé lundi que le Secrétariat à la condition féminine développe actuellement une grille d’analyse qui fixera des cibles afin d’évaluer l’impact de la stratégie.

Portrait de la situation 

Selon les plus récentes données déclarées par les corps de police au Québec, « les femmes constituaient 76 % des victimes de violence en contexte conjugal, 88 % des victimes d’agression sexuelle et 95 % des victimes de crimes relatifs au proxénétisme et à la traite de personnes », a rappelé le gouvernement lundi.

« Selon les mêmes données policières, les hommes représentent 77 % des auteurs présumés des infractions commises en contexte de violence conjugale, 94,9 % des auteurs présumés d’infractions sexuelles et 89,6 % des auteurs présumés d’infractions d’exploitation sexuelle », a-t-on ajouté.