(Ottawa) Le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, souhaite que les récentes manifestations anti-mesures sanitaires sur la colline parlementaire ainsi que leurs répercussions entraînent un rehaussement de la sécurité de l’édifice du plus haut tribunal au pays.

« J’ose espérer que les derniers évènements qu’on a vécus (l’hiver) dernier vont amener les autorités à considérer la Cour suprême du Canada comme étant un immeuble quand même fondamental et qui est important à protéger », a-t-il dit jeudi au cours de son traditionnel point de presse annuel.

Richard Wagner a mentionné qu’il demande depuis un bon moment déjà que l’édifice de la Cour suprême du Canada, situé à quelques coins de rue de celui du Parlement, fasse partie « de la zone de protection additionnelle ».

S’il a souligné que la sécurité a été renforcée sur la colline parlementaire depuis l’attentat d’octobre 2014, le juge en chef a dit croire que les mesures sont insuffisantes en ce qui concerne les installations de l’institution dont il est à la tête. À son avis, les quartiers généraux du plus haut tribunal au pays sont « un petit peu le parent pauvre » à ce chapitre.

« À tout instant où les élus et autorités établissent des lignes directrices et des programmes, je pense que la Cour suprême du Canada ne devrait pas être ignorée », a-t-il ajouté en mentionnant qu’il était convaincu que les questions de sécurité étaient prises au sérieux par ces intervenants.

Le haut magistrat a, une fois de plus, affirmé qu’il se faisait un devoir de participer à ce qu’il a décrit comme un effort collectif des différentes instances pour assurer l’accès de la population à des informations fiables ainsi qu’une meilleure éducation sur le système judiciaire.

« La désinformation est, je pense, une partie des explications de ce qu’on a vécu ici à Ottawa l’hiver dernier. Ça fait simplement confirmer mon opinion en vertu de laquelle on a tous une responsabilité de donner la bonne information », a-t-il insisté.

Richard Wagner a en outre qualifié d’« inacceptable » le sous-financement des tribunaux. Bien qu’il ait convenu que certaines améliorations ont été apportées au système depuis l’arrêt Jordan sur les délais judiciaires, il a soutenu qu’il restait du travail à faire.

« L’administration de la justice, ça rejoint les juridictions provinciales – je ne veux pas m’embarquer dans un débat politique –, mais je constate quand même qu’on ne donne pas aux juges tous les moyens dont ils ont besoin pour accomplir leurs tâches et ça, ça m’inquiète. »

Il a donné en exemple les salaires annuels d’assistantes judiciaires qui oscillent entre 30 000 $ et 35 000 $, ainsi que le manque de greffiers, dans certains cas, qui a entraîné des reports de procédures judiciaires.

« La situation n’a pas nécessairement dégénéré depuis (les suites de l’arrêt Jordan), mais il faut rester sur nos gardes », a-t-il dit.

Cette décision de la Cour suprême du Canada rendue en 2016 établit un plafond maximal de 18 mois en cour provinciale et de 30 mois pour les tribunaux supérieurs.