Un homme de 76 ans détenu depuis 19 ans pour le meurtre et la tentative de meurtre de deux frères s’adresse à un jury dans l’espoir de devancer son admissibilité à la libération conditionnelle. La Couronne remet toutefois en question les réels progrès du meurtrier Jean-Guy Lambert.

C’est un procès inusité qui s’est ouvert lundi au palais de justice de Montréal, celui de la « dernière chance » de Jean-Guy Lambert, condamné en 2006 à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

Dans les prochaines semaines, les jurés devront ainsi déterminer si le septuagénaire mérite d’être admissible plus tôt à sa libération conditionnelle totale, prévue en octobre 2028. Contrairement à un procès « traditionnel », le fardeau de la preuve repose sur le délinquant.

« Vous n’êtes pas là pour déterminer si M. Lambert est coupable ou non d’un crime », a expliqué la juge France Charbonneau.

En ouverture du procès, le jury en a toutefois appris peu sur les circonstances de ce meurtre survenu le 5 mai 1997, sinon que Robert Fattouch a été assassiné et que son frère Elias Fattouch a survécu. Ce n’est que six ans plus tard, en octobre 2003, que Jean-Guy Lambert a été arrêté. Un jury a rendu son verdict trois ans plus tard.

Pour convaincre le jury, le meurtrier prévoit témoigner et présenter plusieurs témoins pour établir « ses progrès » en détention, dont deux experts en psychologie et son agente des libérations conditionnelles, a affirmé MSandra Brouillette, qui fait équipe avec MCynthia Chénier.

« Observez les changements qui font en sorte de diminuer le risque de récidive suite à la commission de l’irréparable, le 5 mai 1997 », a lancé au jury MBrouillette dans sa déclaration d’ouverture.

L’avocate a également rappelé aux jurés qu’ils ne devaient pas décider de libérer Jean-Guy Lambert « dans la rue demain matin ». La Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) devra en effet statuer avant de remettre en liberté le délinquant.

Le ministère public s’oppose à la demande de Jean-Guy Lambert. Pour établir leur preuve, une lettre écrite par le frère survivant sera présentée en preuve, ainsi que des lettres de membres de la famille.

Les procureures de la Couronne MKaterine Brabant et MClaude Berlinguette-Auger attireront l’attention du jury sur les prétentions du délinquant.

Quels sont les changements, réellement, qui sont intervenus depuis 2006 ? […] Et ces changements proviennent-ils d’un désir réel de M. Lambert de changer ou de s’améliorer ou de quelque chose hors de son contrôle, comme la vieillesse et la maladie ? Est-ce que la pensée de M. Lambert a évolué dans le temps ? Est-ce qu’il reconnaît son crime ? Est-ce qu’il reconnaît le mal qu’il a causé ?

MBrabant, dans sa déclaration au jury

Le premier témoin du procès, une superviseure de la CLCC, a expliqué que le taux de récidive des délinquants condamnés à la prison à vie était de 0,4 % lors de leur semi-liberté.

Le procès se poursuit mardi.