La fin de semaine a été marquée par deux évènements tragiques au chapitre des noyades. Un garçon de 4 ans a perdu la vie à Saint-Lambert samedi tandis qu’un autre de 5 ans luttait pour la sienne après avoir été retrouvé inanimé au fond d’une piscine dimanche.

Ce dernier drame s’est produit en fin d’après-midi, vers 15 h 47, à Repentigny, dans une résidence du boulevard Iberville.

Un voisin de la scène, José Pereira, raconte être accouru derrière la maison après que sa femme a entendu des cris depuis la cour où s’est produit le drame. L’eau verte et visqueuse de la piscine, non entretenue depuis la fin de l’hiver, a compliqué les recherches.

« J’ai sauté dans l’eau, puis j’ai plongé au fond. Je bougeais mes mains, j’essayais de trouver l’enfant, mais tout ce que je touchais, c’était des roches, des jouets. Je ne voyais rien, je m’étouffais avec l’eau », relate José Pereira. « Mon enfant, mon enfant ! », criait alors la mère.

Avec l’aide du père de l’enfant et d’un autre voisin, le bambin a finalement été localisé dans la partie profonde du bassin. Il a passé plus de 20 minutes sous l’eau, selon José Pereira. Le voisin a réussi à l’extirper du fond de la piscine et, grâce à l’aide d’un policier arrivé entre-temps, à le sortir du bassin.

L’enfant a été transporté d’urgence à l’hôpital Sainte-Justine, et on craignait toujours pour sa vie dimanche en fin de soirée, d’autant qu’il ne présentait plus de signes vitaux au moment où il a été pris en charge par les paramédicaux.

« J’ai couru, j’ai fait mon possible, mais ç’a l’air que ça n’a pas été suffisant. J’ai mon cours de RCR, si on avait pu le trouver plus tôt, j’aurais peut-être pu faire quelque chose », regrettait José Pereira.

Deux fois en deux jours

Une enquête a été ouverte par le Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) pour tenter d’éclaircir les circonstances de l’évènement. Il s’agit du deuxième drame du genre en moins de deux jours au Québec.

Photo Philippe Boivin, LA PRESSE

Policiers devant la résidence du boulevard Iberville, à Repentigny

Un bambin de 4 ans s’est noyé, samedi après-midi, dans une piscine résidentielle à Saint-Lambert, sur la Rive-Sud de Montréal. Encore une fois, la famille se trouvait sur place au moment du drame.

Et là encore, une enquête en cours doit permettre d’établir les circonstances de la noyade. « Quels étaient les accès à la piscine ? Quelle était la surveillance ? C’est ce que l’enquête va être en mesure de déterminer dans les prochaines heures et les prochains jours », a indiqué François Boucher, agent relationniste du Service de police de l’agglomération de Longueuil.

L’absence de surveillance, un facteur récurrent

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage depuis 32 ans, rappelle que le facteur numéro un pour expliquer les noyades d’enfants reste l’absence de surveillance.

Dès que l’enfant apprend à marcher, on lui apprend qu’il ne peut pas aller jouer dans la rue, mais on n’a pas cette même préoccupation par rapport aux activités aquatiques.

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage

Bon an, mal an, environ huit enfants perdent la vie de cette façon au Québec. La noyade du bambin de 4 ans à Saint-Lambert samedi était par ailleurs la première d’un enfant dans une piscine résidentielle dans la province cette année, alors qu’on dénombre déjà 19 noyades.

« Ça reste toujours triste de voir que ça touche des enfants parce que nécessairement, ils ne sont pas toujours soucieux des risques attribués à la baignade », explique Raynald Hawkins.

Accès restreint

Interrogé quelques instants après la nouvelle de la noyade à Repentigny, Raynald Hawkins s’est retenu de spéculer sur les causes de l’accident, mais le fait qu’il se soit produit dans une piscine qui n’était visiblement pas encore ouverte lui laisse penser que le garçon n’avait pas l’intention de se retrouver à l’eau.

Photo Philippe Boivin, LA PRESSE

Une enquête a été ouverte par le Service de police de la Ville de Repentigny pour tenter d’éclaircir les circonstances de l’évènement.

Rien n’indique pour le moment que ces deux drames soient dus à des clôtures manquantes ou non conformes, mais Raynald Hawkins rappelle que tous les propriétaires de piscines résidentielles construites avant 2010 devront éventuellement s’assurer qu’elles soient aménagées enfin d’en restreindre l’accès aux enfants.

Dans un contexte de pandémie, marqué par une augmentation du coût des matériaux de construction, une pénurie de main-d’œuvre et une plus grande demande pour des piscines résidentielles, la date butoir pour se conformer à la nouvelle réglementation, initialement prévue le 1er juillet 2023, est le 30 septembre 2025.

En savoir plus
  • 5 %
    Part d’enfants parmi les victimes de noyade
    Source : société de sauvetage du Québec
    85 %
    Part des noyades d’enfants de moins de 5 ans imputables à l’absence de supervision ou à une supervision distraite
    Source : société de sauvetage du Québec