Dès l’automne, les clients de prostituées qui se font pincer par la police, à Longueuil, pourront être envoyés sur les bancs d’école pour suivre un programme de sensibilisation à l’exploitation sexuelle, plutôt que de se retrouver devant un juge et de risquer la prison.

Cette mesure de déjudiciarisation, une première au Québec, vise à changer les comportements de ceux qui sollicitent des services sexuels et à prévenir les récidives.

Les contrevenants devront payer plusieurs centaines de dollars pour prendre part au programme, qui comprend aussi une thérapie individuelle d’une à huit semaines.

« Pour participer, l’individu devra prendre un engagement et reconnaître sa responsabilité. C’est la première étape et c’est crucial », explique l’agent Ghyslain Vallières, du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), qui a monté le programme.

En échange de leur participation, les hommes éviteront d’avoir un casier judiciaire et de voir leur nom rendu public.

Tous ne pourront pas y avoir accès, cependant. C’est le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) qui déterminera, en fonction de plusieurs critères, qui sera admissible.

« Par exemple, une personne qui aurait commis des abus sexuels sur un enfant mineur ne pourra pas participer », indique l’agent Vallières. Ceux qui auraient tenté d’acheter les services d’une mineure ne seront pas non plus admissibles.

« Casser les croyances »

La formation inclura des interventions de sexologues, de thérapeutes, d’ex-prostituées et d’autres intervenants qui auront pour but de « casser les croyances » de certains hommes à l’endroit du travail du sexe et des conséquences de leurs actes. On abordera des questions comme les infections transmissibles sexuellement, le vécu des victimes d’exploitation sexuelle, l’impact sur les familles et les conséquences d’un casier judiciaire.

Ce type de programme, appelé « John School » ailleurs en Amérique du Nord (john étant un terme utilisé pour désigner un client de la prostitution), n’existe pas encore au Québec, mais il est présent dans quelques villes canadiennes, comme Toronto et Edmonton.

Le SPAL avait proposé de l’instaurer sur son territoire lors de la Commission parlementaire sur l’exploitation sexuelle des mineurs, en 2019-2020. Le ministère de la Justice et celui de la Sécurité publique ont acquiescé à la mise en place d’un projet pilote à Longueuil.

Les résultats seront évalués par des chercheurs, précise Ghyslain Vallières.

Depuis 2014, l’achat de services sexuels est un crime au Canada, mais pas leur vente.