Laval n’est pas épargné par l’augmentation des crimes contre la personne et des épisodes de coup à feu, révèlent de nouvelles données, au moment où la police de Montréal dit vouloir investir les réseaux sociaux où certains « exhibent des armes juste pour le plaisir ».

Le rapport annuel du Service de police de Laval (SPL), publié mercredi, fait état d’un « sommet » de ce genre de crime l’an dernier, en augmentation de 30 % par rapport à la moyenne des quatre années précédentes.

Le corps policier rapporte des hausses importantes du nombre de voies de fait perpétrées sur son territoire l’an dernier (2711), en augmentation de 20 % par rapport à la moyenne de 2015 à 2019, et des « actes de menaces ou de violence », en hausse de 27 %, lorsque comparé à la même période.

La faute à la COVID-19 ?

L’île Jésus vit elle aussi une augmentation de la violence armée. Plus tôt cette semaine, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) indiquait dans son rapport annuel que le nombre d’évènements où une arme à feu avait été déchargée avait plus que doublé dans la métropole en 2021 par rapport à l’année précédente.

À Laval, ces évènements étaient aussi en hausse en 2020 et 2021 par rapport à 2019. Cette année-là, le SPL avait recensé 18 épisodes de décharge d’armes à feu, alors que ce nombre a grimpé à 40 en 2020, puis à 42 l’an dernier.

Le SPL précise que les coups de feu sont surtout survenus dans des lieux publics, et en majorité dans le quartier Chomedey, un quartier chaud où plusieurs fusillades se sont encore produites ces dernières semaines.

La présidente de l’Ordre professionnel des criminologues du Québec, Josée Rioux, n’est pas surprise par cette nouvelle. « C’est sûr, c’est juste collé par des ponts, ça se promène, des criminels », dit-elle, rappelant qu’on retrouve les mêmes facteurs sociaux propices à la criminalité dans ces deux villes limitrophes.

L’experte décèle dans cette tendance de l’augmentation des crimes contre la personne les conséquences de la pandémie de COVID-19 et des mesures sanitaires qui y ont été associées. « L’isolement des gens a fait qu’il y a eu une problématique de santé mentale », pointe-t-elle. L’arrivée des réseaux sociaux y est aussi pour quelque chose, selon elle, alors que plusieurs criminels s’y lancent des défis ou cherchent à se valoriser, particulièrement les jeunes.

Les réseaux sociaux, un « terrain chaud »

Justement, le SPVM lance un message aux groupes criminels : leurs gestes en ligne auront des conséquences.

« Le terrain le plus chaud présentement semble être les réseaux sociaux. Il va falloir commencer à s’y investir davantage, pour être présents auprès des jeunes », a expliqué mercredi sa directrice des communications, Anne Chamandy, à la sortie d’une séance de la Commission sur la sécurité publique.

Selon Mme Chamandy, « le futur [de la criminalité] est vraiment dans l’espace virtuel ». La porte-parole a du même coup lancé un message aux jeunes qui utiliseraient les réseaux sociaux pour promouvoir des activités criminelles. « Il ne faut pas qu’ils pensent que parce qu’ils sont derrière leur écran et anonymes, ils sont à l’abri de la justice. Nous arrêtons des jeunes qui pourraient faire des menaces ou qui pensent que c’est cool de déployer ou exhiber une arme juste pour le plaisir », a-t-elle martelé.

Soyez prudents, soyez alertes de ce que vous faites. Et parlez avec des adultes avant de penser que ce que vous faites, c’est une bonne idée pour influencer ou pour essayer d’avoir des likes.

Anne Chamandy, directrice des communications du SPVM

Elle invite la population à « prendre sa part de responsabilité dans sa propre sécurisation ». « Parlez aux policiers, même si c’est le détail le plus anodin. Participez avec nous dans le retour de la sécurisation, et du sentiment de sécurité à Montréal. »

Plante veut « revoir les méthodes »

Mercredi matin, la mairesse Valérie Plante avait plaidé que la lutte contre le crime organisé appelle à une révision des méthodes de répression.

« Ce sont vraiment des groupes qui ont changé, le crime organisé a changé, et c’est pour ça qu’on doit revoir nos méthodes, qu’on doit approfondir », a dit Mme Plante mercredi en appelant à réfléchir le « modèle montréalais ». « Il faut trouver des solutions pour venir cibler cette transformation des groupes qui, entre autres, vont chercher des jeunes. »

Elle soutient qu’il faut éviter de « tomber dans le piège de trouver une solution unique ». « Il faut plutôt identifier un ensemble d’outils et d’éléments », dit-elle, citant l’accès aux espaces verts, à des emplois de qualité, à du logement abordable et à du transport collectif.