Alexandre Woitiuk Bessette s’est offert un sordide cadeau avec sa copine pour célébrer son 26e anniversaire : agresser sexuellement une fugueuse de 15 ans. Prisonnière de deux proxénètes, l’adolescente a pourtant supplié ses agresseurs d’alerter les policiers. L’accusé a été condamné à sept ans de pénitencier, une peine plus sévère que celle des proxénètes.

« La responsabilité morale de M. Woitiuk Bessette est des plus significatives. Il a totalement ignoré l’état de vulnérabilité de la victime par gratification personnelle pour souligner son anniversaire », a souligné le juge Yves Paradis jeudi après-midi au palais de justice de Montréal.

Le juge lance un « message clair » aux clients de services sexuels de mineurs, selon la Couronne. « C’est une peine importante. Sept ans. Ça envoie comme message que ce type d’infraction engendre des peines importantes, et les clients pourront se voir imposer des peines conséquentes », a dit le procureur de la Couronne, MPierre-Olivier Bolduc, en mêlée de presse.

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MPierre-Olivier Bolduc, procureur de la Couronne

Le Montréalais de 30 ans a été reconnu coupable en novembre dernier d’avoir obtenu les services sexuels d’un mineur moyennant rétribution et d’avoir agressé sexuellement une personne âgée de moins de 16 ans avec la participation d’une autre personne, chef passible d’une peine minimale de cinq ans de détention.

Forcée de se prostituer

Alexandre Woitiuk Bessette voulait souligner en grand son anniversaire en janvier 2018 en obtenant des services sexuels. Il a alors échangé plus d’une centaine de messages avec la proxénète Tatiana Isabel Sanchez, condamnée à quatre ans de prison. L’autre proxénète, Kadeem Noël, a écopé de cinq ans de détention en 2020.

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Tatiana Isabel Sanchez

Avant l’agression, la victime a avisé Woitiuk Bessette qu’elle avait 15 ans, qu’elle était en fugue et qu’elle était forcée de se prostituer. Un appel à l’aide ignoré, puisque l’accusé a agressé sexuellement l’adolescente avec sa copine. Puis, à leur départ, la victime a demandé à la femme de communiquer avec les policiers, ce qu’elle n’a pas fait.

« Ce comportement témoigne d’un niveau de culpabilité morale particulièrement élevé. En ignorant les propos de la victime, il s’est montré totalement indifférent aux préjudices que la victime subissait, préjudices qui se sont avérés importants », a conclu le juge.

« Appelle le 911 sinon je suis morte »

Prise au piège dans un appartement du centre-ville de Montréal, l’adolescente était droguée et forcée de se prostituer par ses proxénètes, qui n’hésitaient pas à la menacer avec une arme à feu. Outre l’appel à l’aide à l’accusé et sa copine, la victime a tenté d’alerter un voisin en exposant sur une vitre une note écrite avec du rouge à lèvres : « Appelle le 911 sinon je suis morte ».

Alexandre Woitiuk Bessette soutient qu’il n’aurait pas agressé la victime s’il avait su son âge. Il s’est même dit « traumatisé au point de ne plus pouvoir se regarder dans le miroir ». Cependant, le juge Paradis n’a pas cru un mot d’Alexandre Woitiuk Bessette. « Aucune sincérité ne peut y être attribuée », a-t-il tranché.

Le juge Paradis rappelle dans son jugement que la Cour suprême a récemment lancé un message clair aux tribunaux d’imposer des peines plus sévères aux agresseurs d’enfants. Ainsi, la peine de sept ans suggérée par la poursuite est appropriée, compte tenu des nombreux facteurs aggravants et des séquelles « importantes » causées à la victime.

MSerge Lamontagne a défendu l’accusé.