(Québec) Le tueur au sabre du Vieux-Québec était-il en pleine possession de ses moyens dans la foulée de son carnage ? Ou son état mental était-il celui d’un homme en crise ?

Ces questions ont encore une fois mercredi été au cœur du procès de Carl Girouard, accusé de deux meurtres au premier degré et de cinq tentatives de meurtre. Deux policiers et un ambulancier ont raconté au palais de justice de Québec le calme désarmant du tueur dans les heures suivant son carnage.

« Je n’ai pas été capable d’établir de contact verbal », a raconté le lieutenant-détective David Gionet.

L’homme ayant plus de 20 ans d’expérience policière a été chargé d’interroger le tueur dans la nuit du 31 octobre 2020. Pendant cinq heures, Carl Girouard est resté muet, malgré les tentatives répétées du policier.

David Gionet a expliqué aux jurés qu’il avait utilisé plusieurs techniques pour gagner la confiance de l’accusé. Il lui a aussi parlé d’autres tueries dans le monde, suggérant que le tueur s’en était inspiré.

Il lui a notamment parlé de l’attaque à l’épée perpétrée par Anton Lundin Pettersson dans une école suédoise en 2015. C’est alors que Girouard a prononcé les seuls mots de tout l’interrogatoire : il a réclamé de parler à son avocat.

« Il a conservé son droit au silence », a raconté le policier aux jurés. « Ce n’était pas quelqu’un de désorienté dans le temps ou l’espace. Il comprend les directives. Dans ma perception, il est en contact avec moi », a ajouté le policier.

La policière qui a procédé à l’arrestation du tueur, Audrey Boulet, a aussi raconté à la cour que le jeune homme n’a prononcé « aucun propos décousu, aucun propos incohérent ».

Le même constat est venu de l’ambulancier qui est intervenu, car Carl Girouard souffrait d’hypothermie. « Ç’a été une des civières Pinel les plus faciles à installer », a raconté Pierre-Luc Laflamme, en référence à ces civières réservées aux « patients violents, agressifs ou désorganisés ». « Il était tranquille, tranquille, il s’est laissé faire. »

L’état mental de l’accusé est au cœur du procès. Carl Girouard a reconnu avoir tué deux passants avec son sabre et en avoir blessé cinq autres le soir de l’Halloween 2020 dans le Vieux-Québec. Il plaide toutefois la non-responsabilité pour cause de troubles mentaux.

Le procès doit se poursuivre jeudi avec le témoignage de la pathologiste judiciaire Caroline Tanguay.