L’Agence des services frontaliers du Canada et la GRC enquêtent sur une tentative d’importation de quatre kilogrammes de cocaïne à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau dans laquelle des employés d’une importante compagnie de services en aviation seraient impliqués, ce qui n’est pas sans rappeler ce qu’il se passait durant l’enquête anti-mafia Colisée.

Les deux employés de la compagnie ATS (Airport Terminal Services) ont été arrêtés le soir du 13 janvier dernier, alors qu’ils finissaient de vider la soute avant d’un appareil de la compagnie AeroMexico qui arrivait du Mexique et qui venait d’atterrir à Montréal.

Selon un document judiciaire obtenu par La Presse, les problèmes ont commencé pour les deux employés lorsqu’un superviseur leur a demandé de se rendre à la soute arrière de l’appareil pour décharger les bagages des passagers.

Les employés ont refusé et le superviseur a trouvé cela louche. Il s’est alors avancé dans l’avion et a aperçu les deux agents de rampe manipuler une boîte contenant un sac à dos. Le patron leur a demandé de quoi il s’agissait et les employés ont répondu « des déchets ».

Dans un plafond suspendu

Suspicieux, le superviseur a attendu que les deux hommes sortent de l’appareil et a remarqué qu’ils semblaient tenir quelque chose sous leur manteau maintenant attaché.

Il leur a demandé de demeurer sur place, mais les employés n’ont pas obéi. L’un d’eux a dit qu’il devait aller aux toilettes, mais s’est dirigé dans la direction opposée, même s’il travaille à l’aéroport depuis longtemps, peut-on lire dans le document.

Le superviseur a avisé les agents des services frontaliers qui ont refait les déplacements des deux employés et retrouvé les deux premiers kilogrammes de cocaïne, recouverts d’une pellicule de plastique, sur le plancher d’une pièce isolée de l’aéroport et les deux autres dans un plafond suspendu.

PHOTO TIRÉE D’UN DOCUMENT JUDICIAIRE

Les deux kilogrammes de cocaïne trouvés dans le plafond suspendu étaient emballés dans du papier bulle.

Les douaniers ont alors arrêté les deux employés. Ils ont ensuite effectué des tests préliminaires sur les briques, le sac à dos et la boîte de carton, et les résultats ont été positifs à la cocaïne.

En janvier, le prix d’un kilogramme de cocaïne variait entre 40 000 et 45 000 $ selon nos informations, avant que la drogue soit coupée et revendue sur la rue.

Heures supplémentaires soudainement attrayantes

Les agents frontaliers ont remis le dossier à leurs collègues de la Gendarmerie royale du Canada qui ont rencontré des témoins.

Fait à noter, l’un des superviseurs a dit qu’il avait trouvé bizarre que les deux employés demandent d’effectuer des heures supplémentaires ce soir-là alors que l’un d’eux « est du genre à ne pas faire son propre quart de travail » et que l’autre ne dépasse jamais ses heures, car il a un autre emploi de nuit.

Les deux employés – qui n’ont pas d’antécédent judiciaire – n’ont pas encore été accusés et l’enquête se poursuit, a indiqué à La Presse le porte-parole de la Division C de la GRC à Montréal.

Nous avons envoyé un courriel à la compagnie Airport Terminal Services dont le siège social est à Saint-Louis, aux États-Unis, mais au moment d’écrire ces lignes, nous n’avions pas encore reçu de réponse.

Selon son site internet, la compagnie ATS, qui offre notamment des services de chargement et de déchargement de bagages, d’entretien de cabine et de ravitaillement en carburant, existe depuis 47 ans. Elle compte au moins 4500 employés et plus de 150 compagnies aériennes clientes, et est présente dans 49 aéroports au Canada et aux États-Unis.

Durant l’enquête Colisée de la GRC menée contre le clan Rizzuto de la mafia au début des années 2000, une demi-douzaine d’employés de compagnies présentes sur le terrain de l’aéroport Trudeau avaient été arrêtés et condamnés, mais pour des importations de cocaïne beaucoup plus importantes.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.