(Québec) L’auteur de l’attaque au sabre qui a fait deux morts dans le Vieux-Québec un soir d’Halloween avait fait part de son plan dès 2014, six ans avant de passer à l’acte, et avait même déjà un costume et une épée en sa possession.

Un psychoéducateur et un travailleur social ont témoigné lundi lors du premier jour du procès de Carl Girouard. L’auteur de la tuerie du 31 octobre 2020 est accusé de deux meurtres au premier degré et de cinq tentatives de meurtre.

« Il m’a confirmé avoir un plan de tuer des gens avec une épée de façon aléatoire. Ce n’était pas un plan pour maintenant et il n’était pas sûr de l’exécuter », a indiqué Charles-André Bourdua, travailleur social employé en 2014 dans un CLSC des Laurentides.

Cette année-là, Carl Girouard était étudiant dans un centre de formation professionnelle. À l’aube de la vingtaine, il avait tenu des propos « inquiétants ». Il a d’abord été envoyé chez un psychoéducateur de son école.

« Il nommait qu’il ne voulait pas faire de mal nécessairement à personne, mais disait qu’une épée, quand ça s’approche du monde, ça peut faire du mal », a raconté au tribunal le psychoéducateur Hugo Mercier Villeneuve.

Girouard voulait « être vu, reconnu »

Lors d’une rencontre, Girouard se confie sur un texte qu’il a rédigé, dans lequel des adolescents rencontrent un homme masqué, costumé et vêtu de noir. L’homme masqué tue deux personnes.

« Son plan avait trois objectifs, soit se créer un personnage, retirer de la fierté de son action et confirmer son existence », a déclaré le psychoéducateur au tribunal.

Dirigé vers le CLSC, Girouard entreprend une série de neuf rencontres avec Charles-André Bourdua. Le travailleur social se rendra même chez lui. Il constate que Girouard a un sabre au mur. Mais le jeune homme lui précise que ce n’est pas celui avec lequel il veut commettre son coup d’éclat.

Avec ce geste, le jeune homme des Laurentides veut « être vu, reconnu, faire les manchettes ». « Il cherche l’approbation non pas de l’ensemble de la population, mais d’une âme sœur ou d’un alter ego », selon les notes de M. Bourdua.

Mais Girouard n’est pas prêt. Il veut changer d’épée, améliorer son costume. Il veut aussi faire retirer un tatouage pour être « pur » quand il passera à l’acte.

Au fil des rencontres, le plan de Girouard s’adoucit. Il parle un jour d’aller sur un toit brandir une épée. Puis envisage finalement un geste qui n’est pas criminel.

Le suivi de Charles-André Bourdua tire à sa fin en septembre 2015, et il dirige le jeune homme en psychiatrie. Le témoignage de M. Bourdua se poursuivra mardi.

La question des troubles mentaux

Le procès de Carl Girouard a commencé lundi au palais de justice de Québec. L’homme originaire de la couronne nord de Montréal s’était rendu à Québec le 31 octobre 2020. Déguisé, masqué et armé d’un sabre, il a attaqué de nombreux passants, fait deux morts et cinq blessés graves.

« Il voulait être un agent du chaos, démontrer son courage en faisant des actes que les autres ne feraient pas », a lancé le procureur de la Couronne, MFrançois Godin.

Le procès doit durer quatre semaines. Le jury devra décider si Girouard est criminellement responsable des gestes qu’il a admis avoir commis. La défense fait valoir qu’il souffrait de troubles mentaux, ce que rejette la poursuite.

« Notre prétention est que M. Girouard n’était pas atteint de troubles mentaux et de ce fait est responsable de ses gestes », a lancé MGodin aux 12 jurés. « Il avait depuis longtemps planifié un coup d’éclat. »

Plusieurs témoins ont déclaré aux médias avoir été déconcertés à la vue de cet homme déguisé, armé d’un sabre, un soir d’Halloween.

Suzanne Clermont, 61 ans, a été tuée alors qu’elle était sortie de chez elle pour fumer une cigarette. L’autre victime, François Duchesne, 56 ans, faisait une simple promenade dans le Vieux-Québec. Cinq autres innocents ont été blessés grièvement.