Aucun policier de la Sûreté du Québec (SQ) ne surveillait l’arrière du Métropolis, puisqu’il n’y avait aucune « menace » connue visant le Parti québécois, s’est justifié vendredi le responsable de la sécurité des chefs en 2012. Or, celui-ci n’a jamais été prévenu que Pauline Marois était visée par six menaces le jour du scrutin.

« Non. Je l’ai appris après l’évènement », a admis l’ancien lieutenant de la SQ Daniel Rondeau au procès civil intenté contre la SQ et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) par quatre survivants de l’attentat. Ceux-ci réclament 600 000 $ pour les traumatismes subis en raison de la sécurité déficiente.

Lieutenant à la Division de la protection des personnalités, Daniel Rondeau était le responsable des opérations au poste de commandement de la SQ pendant la campagne électorale de 2012. C’est donc lui qui a approuvé le plan de déploiement de la SQ au Métropolis le soir des élections. Il a d’ailleurs fait passer de deux à quatre le nombre de gardes du corps de Pauline Marois.

Dix ans plus tard, Daniel Rondeau persiste et signe : son équipe s’est déployée de façon « satisfaisante et conforme » le soir de l’attentat. « Il n’y avait pas de raison de mettre quelqu’un à l’extérieur, il n’y avait pas de menace », a-t-il insisté vendredi. Comme convenu, la porte arrière du Métropolis était protégée par un policier qui se trouvait à l’intérieur, a-t-il dit.

Profitant de l’absence de policiers sur son chemin, Richard Henry Bain, portant une robe de chambre et une cagoule, a ouvert le feu sur la douzaine de techniciens de scène agglutinés près de l’entrée arrière du Métropolis, tuant Denis Blanchette et blessant gravement Dave Courage. Cette porte faisait pourtant partie du « plan A » pour évacuer Pauline Marois en cas de menace.

Or, selon l’ancien responsable de la sécurité, c’était au SPVM de « juger de la quantité de policiers » à poster à l’extérieur du Métropolis, « surtout qu’il n’y avait pas de menaces ».

« Aucune menace pendant la campagne »

Selon la SQ, le Parti québécois n’était la cible d’aucune menace pendant la campagne électorale. Dans un rapport mentionné au procès, les policiers énumèrent six menaces contre les chefs pendant la campagne, dont les étudiants et les « indépendantistes radicaux ». Ainsi, Richard Henry Bain constituait une menace « indétectable », selon le retraité de la SQ.

« Étiez-vous au courant de gens mécontents par la charte des valeurs ? Mécontents que Mme Marois était une femme ? Mécontents que Mme Marois dirige un parti indépendantiste ? », a demandé en contre-interrogatoire MVirginie Dufresne-Lemire, l’avocate des demandeurs.

« Je ne me souviens pas de ça », a chaque fois répondu Daniel Rondeau.

Le rapport exécutif visant à faire la lumière sur les attentats – et caché par la SQ depuis 10 ans – révèle que Pauline Marois a été personnellement visée par six menaces le jour des élections. Un témoin a affirmé jeudi que ces menaces avaient été lancées lors du dévoilement partiel des résultats, sans préciser leur nature.

Or, ces six menaces ne se sont jamais rendues aux oreilles de Daniel Rondeau, ni donc à celles des gardes du corps sur le terrain. « Minimalement », cette information aurait dû être communiquée au poste de commandement de la SQ, a convenu Daniel Rondeau.

Cependant, il ne s’agit pas « nécessairement » d’une faille de sécurité. « Tout dépendant du type de menaces détectées. D’autant plus que d’après l’information que j’ai eue, ces menaces ont été enquêtées et vérifiées », a-t-il précisé.

Le procès se poursuivra la semaine prochaine devant le juge Philippe Bélanger.