« C’est passé près de la tête de mon petit frère », chuchote la jeune femme de 19 ans qui réside dans le petit logement visé par des balles vendredi dernier. Le reste de la famille dort toujours. Le week-end n’a pas été de tout repos.

La jeune femme et ses parents sont plongés dans l’inquiétude depuis qu’un projectile d’arme à feu a traversé leur appartement de la Petite-Bourgogne, la semaine dernière.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La porte vitrée du logement d’une famille de trois enfants a été fracassée par une balle.

17 h 30. Presque l’heure du souper pour nombre de familles du quartier. Une mère dans la quarantaine, qui a requis l’anonymat, regarde la télé avec son fils de 11 ans. Puis, tout d’un coup, des détonations. Une balle traverse la vaste porte vitrée qui donne sur le balcon rouillé.

Les projectiles tirés au coin des rues Dominion et Quesnel ont aussi endommagé la minifourgonnette familiale.

La mère était assise devant l’écran au moment des coups de feu. « Je n’ai pas eu le temps de penser ou de réagir. Mon fils était debout devant moi. »

Une chose est sûre : ni elle ni ses enfants ne sont les personnes ciblées par les tirs, assure-t-elle.

« On est vraiment passé à deux doigts du pire », dit en soupirant la résidante.

« Mon fils a failli mourir. Si la balle [avait traversé] cinq secondes avant, ça l’aurait touché », a-t-elle dit à La Presse lundi matin.

Tout a basculé vendredi dernier. Désormais, elle accompagnera ses jeunes garçons à la sortie des classes. « On a peur de sortir seuls. On a peur que ça se reproduise. »

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Les projectiles ont aussi endommagé la minifourgonnette de la famille.

Pas la première fois

La famille qui compte trois enfants demeure rongée par la peur.

Heureusement, il n’y a pas eu de blessés. Mais le choc « d’avoir failli y passer » est traumatisant, explique la femme de 19 ans en jetant un coup d’œil à la porte brisée, recouverte d’une planche de bois.

Ce n’est pas la première fois qu’elle entend le sifflement des projectiles. Le quartier a toujours été secoué par des règlements de comptes, des bagarres et des fusillades, malgré des périodes d’accalmie.

L’été dernier, une fusillade est survenue au même coin de rue, près d’un dépanneur. Puis, un jeune homme de 21 ans avait été retrouvé dans sa voiture, quelques rues plus loin, tué par balles.

« On veut changer d’endroit. C’est difficile avec [l’Office municipal d’habitation]. On nous a offert de l’aide psychologique. Mais je dois m’occuper de tout ça, car mes parents ne parlent ni français ni anglais », se désole la jeune fille.

Un plan pour l’été

Michaël Farkas n’est pas « en mode panique ».

Mais le directeur de l’association des jeunes de la Petite-Bourgogne, Youth in Motion, demeure préoccupé après un été ponctué de fusillades.

« On va essayer de parler à certaines personnes, pour les dissuader de commettre ce genre d’actions. »

Frénel Buissereth, de l’organisme Prévention Sud-Ouest, abonde dans le même sens. « Ça me déplaît de voir quelque chose comme ça se passer. Ça arrive trop souvent. On patrouille dans le quartier pour s’assurer que tout va bien avec les jeunes. »

L’enquête du Service de police de la Ville de Montréal liée à cet évènement se poursuit. Aucun suspect n’a été identifié, et on ignore quels étaient les motifs des tireurs.

Avec Daniel Renaud, La Presse