Dominico Scarfo est la victime d’une croisade de l’agent double de la police, qui a cherché à se venger parce qu’il croit que l’accusé a voulu le tuer.

C’est la conclusion à laquelle arrive l’avocat de Scarfo, MLuc Trempe, dont c’était le tour de plaider vendredi matin, au procès devant jury de son client.

Dominico Scarfo est accusé d’avoir comploté et commis les meurtres prémédités des lieutenants de la mafia montréalaise Lorenzo Giordano et Rocco Sollecito, en 2016.

Selon la théorie de la poursuite, Scarfo a été le tireur lors du meurtre de Giordano. Dans le cas de Sollecito, il aurait roulé dans une voiture noire devant le véhicule du mafioso, forçant ce dernier à effectuer un arrêt obligatoire de plusieurs secondes, pour donner le temps à un complice de l’abattre.

Scarfo a ensuite été trahi par ce complice qui l’a enregistré à son insu, à la demande de la Sûreté du Québec, durant l’été 2019.

L’essentiel de ce procès, qui a duré deux mois, a reposé sur le témoignage de cet agent civil d’infiltration (ACI) – dont l’identité est protégée – et sur les enregistrements qu’il a effectués.

Tir groupé sur l’ACI

MTrempe a attaqué la crédibilité de l’agent civil d’infiltration sur plusieurs fronts, pour affaiblir le reste de la preuve et soulever un doute raisonnable chez les jurés.

« Le témoin ne dit pas la vérité et il n’est pas fiable », a lancé le criminaliste aux jurés.

Selon MTrempe, l’ACI avait une certaine emprise sur son client, parce que celui-ci avait besoin d’argent en 2019 et que l’ancien tueur pouvait lui permettre de s’en procurer.

« La poursuite vous a dit que la preuve provenait de la bouche de M. Scarfo, mais c’est faux », a déclaré l’avocat, selon qui rien dans les enregistrements ne constitue le moindre aveu de la part de son client.

« L’ACI a dit deux fois durant son témoignage qu’il voulait crucifier M. Scarfo parce qu’il croit qu’à la fin de 2016 ou au début de 2017, l’accusé aurait pris part à un plan pour le tuer. L’ACI a eu deux ans pour préparer sa revanche. Il n’a pas été un témoin objectif, indépendant et désintéressé comme les autres témoins au procès », a poursuivi MTrempe.

Le criminaliste a soulevé quelques éléments qu’il considère comme des failles dans le témoignage de l’ACI et dans la preuve présentée, notamment qu’un témoin a dit que le tueur de Giordano avait environ 25 ans, que c’est l’ADN d’un autre individu qui a été retrouvé sur le revolver abandonné sur place par le tueur, qu’aucun témoin ni aucune caméra n’a vu ou filmé une voiture noire circulant devant le VUS de Rocco Sollecito quelques secondes avant qu’il soit tué.

MTrempe a enfin soulevé le fait que les enregistrements démontrent que son client ne connaît pas des individus liés à la mafia dont il est question durant les conversations, ce qui prouve, selon lui, que Scarfo ne fait pas partie d’une organisation criminelle.

Le juge Michel Pennou, de la Cour supérieure, donnera au début de la semaine prochaine ses directives au jury, qui délibérera ensuite à huis clos.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.