Un sergent-détective du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui a arrêté sans raison un jeune footballeur filmant une intervention policière a écopé de 1 mois de suspension. Le policier est allé jusqu’à écrire des faussetés dans son rapport pour couvrir ses arrières et justifier l’arrestation de ce citoyen.

« La faute déontologique est particulièrement sérieuse, puisqu’elle a été commise dans le but de camoufler sa propre inconduite et dans le but de justifier l’intervention sans apporter le réel descriptif des évènements », a conclu le Comité de déontologie policière dans une décision rendue publique lundi.

Le sergent-détective Matthew Cool s’est ainsi vu imposer 31 jours de suspension sans traitement. Il avait été reconnu coupable de nombreuses infractions déontologiques l’an dernier.

L’affaire remonte à l’été 2015, alors que l’agent Cool patrouille sur le boulevard Saint-Laurent à la sortie des bars. À un certain moment, son partenaire se retrouve impliqué dans une poursuite à pied avec un homme. Une scène que s’empresse de filmer son ami Wilguens Deriveaux.

Coups de pied et coups de poing ?

C’est à ce moment que l’intervention dérape. L’agent Cool dit au jeune homme qu’il n’a pas le droit de filmer et lui demande de s’identifier. Quand M. Deriveaux lui demande ce qu’il a fait pour devoir s’identifier, l’agent Cool l’arrête pour avoir résisté à son arrestation. Le policier frappe alors le sportif universitaire sur le bras pour lui faire perdre son cellulaire.

Le jeune homme affirme avoir reçu plusieurs coups de pied et coups de poing au sol, mais ne peut identifier ceux qui l’ont frappé. Le Comité soutient toutefois que si des coups lui ont été portés à ce moment, ils ne sont pas imputables à l’agent Cool. D’ailleurs, le Comité n’a accordé aucune crédibilité au témoignage de M. Deriveaux sur l’importance de ses blessures, somme toute mineures.

Quand l’agent Cool apprend que M. Deriveaux joue au football pour les Carabins de l’Université de Montréal, il l’intimide en lui disant qu’il va s’assurer qu’il reçoive un dossier criminel pour l’empêcher de jouer aux États-Unis. Notons que M. Deriveaux était alors visé par un mandat d’arrêt pour entrave à un policier. Le jeune homme est finalement relâché en pleine nuit, torse nu.

Accusation retirée deux ans plus tard

Ce n’est qu’un mois plus tard que le policier rédige son rapport, lequel mènera à une accusation d’entrave, finalement retirée deux ans plus tard. Or, son rapport final diffère considérablement de celui rédigé le jour même. En effet, alors qu’il écrivait au « je » dans sa première version, l’agent Cool utilise maintenant le « nous » dès le début du rapport pour inclure son partenaire.

Selon le Comité, l’agent Cool savait « pertinemment que ce qu’il écrivait était faux » et voulait se couvrir en agissant ainsi. Cette grave faute mérite à elle seule une suspension de 25 jours, estime le Comité. De plus, l’agent Cool n’avait aucun motif pour arrêter M. Deriveaux, puisque ce dernier avait tout à fait le droit de filmer l’intervention policière.

Invité à commenter, le SPVM s’est limité à indiquer avoir pris connaissance de la décision.