(Halifax) La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et sa fédération de policiers résistent aux pressions visant à obliger les agents qui ont répondu à la pire fusillade de masse de l’histoire du Canada à venir témoigner à l’enquête publique.

Les 18 policiers qui sont intervenus lors de cette tuerie qui a fait 22 morts en avril 2020 courent le risque d’être à nouveau traumatisés à la barre des témoins, a fait valoir jeudi l’avocate de la Fédération de la police nationale, qui représente les policiers de la GRC.

Nasha Nijhawan a déclaré aux commissaires qu’ils devaient tenir compte, dans le traitement des témoins, du mandat de la commission d’enquête, qui prévoit notamment d’être « respectueux des traumatismes subis ».

De plus, Lori Ward, l’avocate du procureur général du Canada, qui représente la GRC, a déclaré que les avocats des familles doivent réaliser que l’enquête publique tente une toute nouvelle approche en termes de format.

« Nous entendons la frustration des avocats habitués à une approche de type procès pour recueillir des preuves […] mais cela ne signifie pas que d’autres méthodes de preuve ne sont pas significatives », a plaidé Me Ward.

La plupart des policiers de la GRC qui sont intervenus lors de la tuerie ont déjà accordé des entretiens approfondis et non assermentés aux procureurs de la commission, a-t-elle déclaré. À moins qu’il ne soit clair qu’il manque quelque chose, cela devrait suffire, a plaidé Me Ward.

Les familles y tiennent

Les avocats des membres de familles des victimes ont demandé jeudi aux commissaires d’assigner les policiers Stuart Beselt et Vicki Colford à venir témoigner sous serment au sujet des premières heures des attaques à Portapique, où la tuerie a commencé le 18 avril 2020.

La commission a publié des transcriptions dans lesquelles l’agente Colford a communiqué par radio à ses collègues qu’elle avait entendu dire qu’il y avait « une sorte de route par laquelle quelqu’un pourrait sortir » du secteur. La commission a convenu que le tueur s’était probablement enfui par une petite route accidentée qui n’était pas surveillée par les policiers.

Me Ward, pour le gouvernement, a déclaré que les agents Beselt et Colford avaient abordé des questions clés lors de leurs entretiens avec les procureurs de la commission, et elle a plaidé qu’il n’était pas clair que d’autres témoignages soient nécessaires. Elle suggère également que les questions pourraient être soumises par écrit.

Les avocats de la Fédération des policiers et de la GRC ont fait valoir de leur côté que les questions que se posent les familles des victimes sur les meurtres ont déjà reçu une réponse et peuvent être trouvées dans les transcriptions écrites des entretiens préalables à l’enquête de la commission.

L’avocate de la commission Gillian Hnatiw n’a pas demandé que l’un des policiers vienne témoigner aux audiences. Elle a par contre précisé que certains policiers, dont l’agent Beselt, participeraient à « une série de tables rondes » composées de pompiers, d’ambulanciers paramédicaux et de policiers, qui devraient avoir lieu au cours de la deuxième phase de l’enquête, plus tard cette année.

Mais Me Scott a déclaré que ce mécanisme ne répondrait pas aux questions des familles sur la réponse de la police les 18 et 19 avril 2020, au cours de la chasse à l’homme de 13 heures pour retrouver le tueur, qui conduisait une réplique d’une voiture de patrouille de la GRC.

« Nous sommes extrêmement frustrés à l’idée de devoir justifier la recherche de faits dans le cadre d’un processus d’enquête », a-t-il déclaré à la commission.