Mamadi Camara et ses proches toucheront 347 000 $ en vertu d’une entente de règlement intervenue entre la Ville de Montréal et les avocats du jeune homme qui avait été accusé à tort d’avoir agressé un policier, au début de 2021. La poursuite initiale était de 1,2 million.

Le principal intéressé et sa famille se disent « satisfaits » de ce dénouement, l’entente leur permettant « de clore la démarche judiciaire liée aux évènements profondément bouleversants qu’ils ont traversés », peut-on lire dans une déclaration transmise par l’avocate de M. Camara, MVirginie Dufresne-Lemire.

On y précise que M. Camara « tient à remercier » la population québécoise « pour le soutien incroyable qu’elle lui a démontré » dans la dernière année. « Ce support a été une source de réconfort importante » pour l’homme de 31 ans et ses proches, affirme au passage la juriste.

C’est en juillet dernier que M. Camara avait lancé une poursuite réclamant 1,2 million à la Ville de Montréal et la Couronne, pour les fautes commises par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Selon nos informations, la somme versée à M. Camara et sa famille, dans le cadre de cette entente à l’amiable, sera finalement de 347 000 $.

Dans sa poursuite, M. Camara disait garder de lourdes séquelles de son inculpation et dénonçait avoir été victime d’une « arrestation brutale » et de profilage racial, lui qui avait blessé à la joue après avoir été immobilisé au sol. Un agent a placé sa botte sur son visage en le traitant d’imbécile, selon la demande. L’homme indiquait aussi s’être senti « humilié » tout au long de sa détention et du processus judiciaire.

Son entourage laisse entendre que le jeune homme doit maintenant « reprendre le contrôle » de sa vie, sans que celle-ci ne soit « étalée au grand jour ». Aucun autre commentaire ne sera donc fait pour la suite.

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante s’est dit mercredi « très sensible à ce que Mamadi Camara et ses proches ont vécu ». « Nous espérons que ce règlement leur permettra de poursuivre une vie normale. Nous sommes aussi satisfaits d’être parvenus à une entente globale, finale et négociée. […] Les circonstances très particulières de ce dossier impliquaient la recherche d’un compromis », a indiqué l’attachée de presse Marikym Gaudreault. Elle affirme que la Ville a rapidement intenté des pourparlers pour offrir une « certaine quiétude d’esprit rapidement » aux demandeurs.

Bref rappel des faits

L’histoire de Mamadi Camara avait choqué le Québec en entier, en janvier 2021. Il avait été accusé à tort d’avoir agressé le policier Sanjay Vig, avant de passer six nuits sous les verrous, puis d’être libéré par les autorités. Depuis, il a aussi reçu, et accepté, les excuses du SPVM.

Le Montréalais originaire de Guinée avait finalement été innocenté grâce à une vidéo de surveillance du ministère des Transports du Québec montrant une partie de l’altercation. Une enquête gouvernementale a mené en septembre dernier à la parution d’un volumineux rapport du juge Louis Dionne, qui contient 18 recommandations destinées au ministère de la Sécurité publique et au corps policier montréalais.

Alain Vaillancourt, le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, a d’ailleurs indiqué que des discussions seront entamées avec la police de Montréal pour « mettre en place les recommandations » du rapport du juge Dionne « au courant de l’année ».

Un autre suspect a depuis été arrêté dans cette affaire. Le 26 mars dernier, la police a annoncé avoir procédé à l’arrestation à Toronto d’Ali Ngarukiye, qui doit être jugé pour avoir désarmé et agressé l’agent Vig.

En recherche d’emploi, Mamadi Camara devrait achever sa maîtrise de recherche en génie électrique dans les prochains mois. Il a obtenu sa résidence permanente canadienne à la mi-janvier et espère obtenir sa citoyenneté dans les prochaines années.