Un an et demi après avoir essuyé un premier refus des commissaires aux libérations conditionnelles, Sergio Piccirilli les a convaincus vendredi de l’envoyer en maison de transition.

Piccirilli, 62 ans, purge depuis 2016 une peine de 15 ans de pénitencier pour gangstérisme, possession d’arme, complot et trafic de stupéfiants.

En 2005, il s’est retrouvé au cœur d’un conflit qui avait failli dégénérer en guerre ouverte entre les clans D’Amico et Rizzuto de la mafia. Les enquêteurs de l’enquête Colisée de la GRC avaient été aux premières loges. Piccirilli était entré dans le quartier général du clan des Siciliens et avait exhibé une arme à feu. « Ce gars-là a des couilles », avaient dit les lieutenants de la mafia sur les lignes d’écoute de la police.

En 2006, un enquêteur de la GRC s’était rendu chez Piccirilli pour le prévenir qu’un contrat avait été mis sur sa tête.

« Je peux faire quelque chose pour toi ? », avait demandé le policier.

« Envoie-moi des fleurs », avait répondu Piccirilli de sa voix rauque.

Sergio Piccirilli, dont le surnom est Grizzly, était considéré par la police comme ayant des liens autant avec les motards qu’avec la mafia.

Il a été l’un des fondateurs des Devils Ghosts, un club-école des Hells Angels qui compte plusieurs sections aujourd’hui.

« Fini le crime » dit-il

Piccirilli a expliqué aux commissaires avoir commencé dans le crime en effectuant de la contrebande de cigarettes, après avoir eu des problèmes avec le fisc.

Il a dit s’être procuré des armes peu avant son arrestation en 2006 « pour se protéger » et continue de nier avoir trafiqué des drogues. « Je ne voudrais pas que mes enfants en consomment », s’est-il justifié.

En 2019, Piccirilli a été victime d’un empoisonnement au pénitencier. La police considère qu’il a été la cible d’une tentative de meurtre, car du fentanyl et du carfentanil – des substances puissantes et mortelles si non consommées en doses infimes – ont été retrouvés dans son jus d’orange.

Mais Piccirilli refuse de croire qu’il a été victime d’une tentative de meurtre et conclu plutôt à une indigestion.

« Si quelqu’un avait essayé de me tuer, j’aurais été le premier à le savoir », a-t-il dit.

Sergio Piccirilli n’est plus membre des Devils Ghosts et assure s’être éloigné de ses anciens pairs criminels.

« Mon ancienne vie, c’est du passé. Je ne veux plus d’argent et je ne veux plus être reconnu. Tu crois que tu es quelqu’un, mais en réalité, tu n’es personne. C’est un écran de fumée ».

« À 62 ans, je ne veux pas retourner en prison et y mourir. Je ne veux même pas que les gens parlent de moi. Je veux travailler et prendre soin de ma famille », a aussi déclaré Piccirilli.

Même si les commissaires ont souligné la gravité des offenses et le fait que Piccirilli ait tendance à minimiser son implication dans celles-ci, ils ont accepté de l’envoyer dans une maison de transition pour une période de six mois, en raison de progrès réalisés depuis son incarcération.

Sergio Piccirilli devra divulguer à son agent de libération toutes ses transactions financières, ne pourra fréquenter toute personne ayant des activités criminelles ou faisant partie d’une organisation criminelle, ne pourra entrer dans les établissements où l’on sert de l’alcool sauf la SAQ, devra posséder un seul téléphone mobile et une seule carte SIM, et ne pourra utiliser des applications de communication cryptées.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.