L’individu qui a tué le lieutenant de la mafia Rocco Sollecito le matin du 27 mai 2016 à Laval était tout vêtu de noir et portait des vêtements et un casque de moto dont la visière était abaissée. Il attendait sa victime dans ou derrière un abribus, et a ouvert le feu à neuf reprises vers Rocco Sollecito, avant de prendre la fuite sur une moto sur laquelle l’attendait un complice.

C’est ce qui ressort de témoignages de civils et de rapports d’experts entendus et déposés vendredi au procès devant jury de Dominico Scarfo, qui s’est ouvert mardi au Centre de services judiciaires Gouin, à Montréal.

Scarfo, 49 ans, est accusé d’avoir comploté les meurtres et d’avoir tué deux lieutenants du clan sicilien de la mafia montréalaise, Lorenzo Giordano et Rocco Sollecito, en 2016.

Après avoir entendu une partie de la preuve qui concerne le meurtre de Giordano, les 14 femmes et hommes qui composent le jury ont commencé vendredi à entendre celle qui touche l’assassinat de Rocco Sollecito, 67 ans.

« J’ai entendu bang, bang, bang » !

Un interdit de publication nous empêche de révéler les noms de témoins civils qui ont raconté leur bout de l’histoire.

Vers 8 h 30, l’un d’eux s’affairait à réparer une chute à déchets à mi-hauteur d’une tour à condos d’une dizaine d’étages située près du boulevard Saint-Elzéar lorsque son regard a été attiré par le luxueux VUS BMW blanc conduit par Sollecito.

« Le BMW s’est arrêté au stop. Il y a un abribus et quelqu’un est sorti habillé en suit de moto, il s’est approché du côté passager, il a levé le bras et on a entendu bang, bang bang. Il est parti à courir, a traversé un petit boisé et derrière, une autre personne l’attendait sur une moto. Ils sont partis ensemble sur l’autoroute », a-t-il raconté.

Le témoin a décrit la moto comme ressemblant davantage à un « racer ou une moto sport » plutôt qu’à un gros « Harley ». Il a ajouté que l’homme a couru « avec son casque sur la tête » et que ni lui, ni le conducteur de la moto ne portait des vêtements qui auraient pu « frapper l’œil ».

Un autre témoin, qui a circulé à deux reprises sur le boulevard Saint-Elzéar ce matin-là, a dit avoir remarqué, avant le crime, « un homme âgé de 35 à 40 ans, avec une casquette, les cheveux courts et les yeux foncés », assis dans l’abribus.

Enfin, un troisième témoin venait de quitter le marché 4-40 et roulait sur la rue du Marché lorsqu’il a d’abord aperçu la moto et son conducteur. « Il y en avait un autre qui courait peut-être 10-15 mètres derrière la moto. Il courait avec son casque et sa visière baissée. Ça m’a paru bizarre », a dit le livreur.

Quelques secondes plus tard, il dit être arrivé le premier à l’intersection où la victime gisait dans son VUS.

« Je pensais que le monsieur avait eu un malaise. J’ai tenté de lui parler à travers la vitre et j’ai essayé d’ouvrir la porte, mais elle était fermée. Je me suis vite aperçu qu’il était criblé de balles. J’ai tenté de lui parler, mais ses yeux roulaient. J’ai demandé aux gens autour de moi d’appeler l’ambulance et j’ai quitté parce que de toute façon, je ne pouvais rien faire », a-t-il poursuivi.

Une balle dans le cœur

Neuf projectiles, tirés par une même arme, ont été dirigés sur ou vers Rocco Sollecito le matin du 27 mai 2016, selon le rapport d’un expert en balistique déposé en cour.

D’après le pathologiste qui a pratiqué l’autopsie sur le corps, la victime a été atteinte de sept à neuf balles au bras droit, à l’épaule droite, sur le côté droit du thorax et dans le dos. Un projectile lui a lacéré le cœur et a été mortel.

Lorsqu’il a été tué, Rocco Sollecito avait plus de 3500 $ dans ses poches de jeans, dont 33 billets de 100 $, et portait également une montre de marque Chopard au poignet gauche.

Le procès se poursuit lundi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.