Un leader complotiste accusé d’incitation à la haine après avoir vraisemblablement encouragé ses abonnés Facebook à créer une « milice organisée » pour asperger des policiers de gaz poivre insiste pour que son procès se déroule devant un jury plutôt que par procédure sommaire, même s’il risque une peine plus sévère.

En mars dernier, Jonathan Blanchette, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme Jo l’Indigo, avait été arrêté après avoir diffusé une vidéo sur Facebook dans laquelle il suggérait de créer un groupe de « sentinelles » composé de « [mâles] alpha qui n’ont pas peur » afin de neutraliser les policiers qui encadraient les manifestations anti-mesures sanitaires.

« J’aimerais vous rappeler que tout individu a le droit de s’acheter du poivre de Cayenne pour les ours ou de posséder un [pistolet à décharge électrique] Taser », disait-il. Il suggérait ensuite d’en asperger les casques des policiers. « Ils vont être pleins de poivre de Cayenne pis ils ne pourront rien faire. »

« Tu penses que la police est capable d’arrêter une milice organisée ? », ajoutait-il.

Se représentant seul, Jonathan Blanchette s’est présenté mardi devant le juge Richard Marleau, de la Cour du Québec, en affirmant que les accusations d’incitation à la haine contre des agents de la paix déposées contre lui n’étaient « pas crédibles ». Il réclamait que son procès se tienne immédiatement. « J’ai hâte de mettre fin à ce cirque », a-t-il lancé au juge, se vantant d’avoir gagné huit procès en se représentant seul, et qu’il comptait bien gagner celui-là rapidement.

Environ une heure plus tard, il s’est de nouveau présenté en salle d’audience, se plaignant cette fois que le procès par procédure sommaire réclamé par la Couronne ne le satisfaisait pas.

L’accusé a insisté : depuis sa première comparution, il réclame de se défendre devant juge et jury, plutôt que devant un juge seul. « Dans les faits, monsieur encourt une peine moins sévère par procédure sommaire », a plaidé l’avocate de la Couronne, MÉmilie Gadbois.

Dans la mouvance des citoyens souverains

Mais selon M. Blanchette, le fait que la Couronne retire les accusations criminelles pour les remplacer par des accusations sommaires de moindre gravité annule de facto les conditions de libération qui ont suivi son arrestation, « et je dois être dédommagé pour ma détention », a-t-il soutenu. « Je ne sais pas si c’est moi qui [suis] fou, mais j’ai subi un préjudice », a lancé M. Blanchette.

« Ça, ce sont vos prétentions », lui a répondu le juge Marleau, lui soulignant à plus d’une occasion qu’il ne tolérerait pas d’être constamment coupé par l’accusé ni de comportement irrespectueux ou de langage inapproprié de sa part dans sa salle d’audience. « Je souffre de logorrhée verbale, a répondu l’accusé. Veuillez ne pas le prendre pour un manque de respect, ça fait partie de mon schéma psychologique. »

De la mouvance des citoyens souverains, Jonathan Blanchette a diffusé depuis le début de la pandémie plusieurs vidéos, souvent vues par des dizaines de milliers de personnes, où il interprète le droit de façon très créative, sans en avoir les compétences. Il a aussi fait une vidéo où il prétend, en faisant couler de l’eau sur une balle, faire la démonstration que la Terre n’est pas ronde. Son compte Facebook a par ailleurs eu en vitrine le logo des Three Percenters, milice d’extrême droite proarmes américaine.

La suite de son procès a été reportée à janvier. M. Blanchette pourra alors faire officiellement une requête pour avoir son procès devant jury.