L’homme accusé d’avoir tiré sur un policier l’hiver dernier, puis d’avoir assassiné un codétenu est théoriquement apte à avoir son procès, a-t-on appris lundi. Or, en raison de son comportement erratique pendant l’audience, Ali Ngarukiye devra se présenter en personne devant le juge mercredi.

C’est flanqué de deux employés vêtus d’une combinaison de la tête aux pieds qu’Ali Ngarukiye a comparu par visioconférence à partir de l’institut psychiatrique Philippe-Pinel. L’accusé portait des gants chirurgicaux bleus, alors qu’un drap était posé sur ses épaules. Ses mains étaient attachées à son fauteuil avec des menottes et des chaînes.

Selon le juge Salvatore Mascia, l’homme de 22 ans remplit le « minimum requis » pour être jugé apte à avoir son procès. À la demande de la défense, l’accusé s’était soumis à une nouvelle évaluation psychiatrique sur cette question. À la mi-novembre, les psychiatres avaient déterminé qu’Ali Ngarukiye pouvait être déclaré criminellement responsable de ses gestes.

Pendant l’audience lundi midi, son avocat, MLloyd Fischler, a d’abord déclaré qu’il n’avait pas vu son client ou parlé avec lui depuis deux mois. Quand il a demandé à l’accusé s’il allait bien et s’il voulait lui parler, ce dernier est resté muet. « On n’avancera pas tellement aujourd’hui », a alors dit le juge Mascia.

Mais Ali Ngarukiye s’est finalement exprimé en lançant en anglais : « Come on, c’est toi qui dois parler, man ! Je t’ai dit de parler. » L’accusé semblait alors se parler à lui-même. Il s’est ensuite tourné vers l’un des gardiens et lui a dit : « Pourquoi tu te tiens derrière moi, man, tiens-toi ici [à ses côtés], je ne te ferai rien. »

Le procureur de la Couronne MLouis Bouthillier a souligné le « manque de communication » entre l’accusé et son avocat. Il a ainsi été entendu que la cause soit reportée à mercredi, avec la présence en personne de l’accusé au palais de justice de Montréal.

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Le procureur de la Couronne MLouis Bouthillier

Agressivité

Sa présence pourrait toutefois s’avérer difficile. Le mois dernier, Ali Ngarukiye n’avait pas été présent en personne, comme convenu, en raison de sa dangerosité. « Il est agressif et représente une menace pour la sécurité de tout le monde », avait indiqué le juge André Perreault.

Pour l’amener en personne devant le juge, son convoi aurait carrément dû être escorté par le « SWAT Team », soit le Groupe d’intervention tactique de la police de la Montréal, avait même précisé le juge.

Ali Ngarukiye est accusé d’avoir tenté de tuer le policier Sanjay Vig dans le quartier Parc-Extension. L’affaire a fait les manchettes l’hiver dernier, lorsqu’une personne sans tache, Mamadi Camara, a été injustement accusée pour ce crime. Victime d’une erreur sur la personne, il avait finalement été libéré six jours plus tard et innocenté sur toute la ligne par le service de police.

Deux mois plus tard, Ali Ngarukiye a été arrêté à Toronto pour ce crime. Pendant sa détention préventive, il aurait assassiné son codétenu André Lapierre. Ce dernier a été retrouvé mort dans la cellule qu’il partageait avec Ali Ngarukiye. Il fait donc face à une accusation de meurtre et d’outrage à un cadavre.