(Québec) Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a annoncé samedi soir avoir ouvert une enquête au sujet d’une arrestation musclée impliquant de jeunes adolescents noirs. La vidéo de l’évènement qui circule sur les réseaux sociaux montre des policiers agir d’une manière qui soulève des questions.

Dans un communiqué, le SPVQ dit avoir « été mis au courant de vidéos » qui circulent concernant cette intervention qui aurait eu lieu « dans la nuit du 26 au 27 novembre ».

Après visionnement de la vidéo, il semble que le comportement des agents impliqués « préoccupe grandement la direction » du corps de police.

« Dès qu’il a été mis au courant, le SPVQ a consulté lesdites vidéos et s’est mis en action afin de prendre toutes les mesures nécessaires », peut-on lire dans le communiqué. On précise également que le module des normes professionnelles a été avisé.

Toujours selon le communiqué du SPVQ, on cherche toujours à confirmer l’identité des agents impliqués dans l’intervention.

Aucun détail n’a d’ailleurs été transmis au sujet de la raison de l’intervention policière qui a soulevé l’indignation de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux.

C’est notamment le cas du boxeur professionnel Eric Martel-Bahoéli, qui a relayé la vidéo sur sa page Facebook en qualifiant le comportement d’un des policiers de « disgracieux et dégoûtant ».

Sur les images, on voit entre autres un policier envoyer volontairement de la neige au visage d’un adolescent immobilisé au sol, face contre terre, par plusieurs de ses collègues.

Il se trouve que ce jeune garçon, d’âge mineur, est un protégé de M. Martel-Bahoéli, qui l’entraîne au Club de boxe Nordik.

Premièrement, je suis resté extrêmement surpris de voir le jeune que je connaissais, et de deux j’étais abasourdi, pour ne pas dire complètement scandalisé, quand j’ai vu le geste que le policier a posé, qui était gratuit.

Eric Martel-Bahoéli

« Ça n’a pas de sens, c’est un enfant, c’est un jeune ! Ça n’a pas sa place aucunement dans le cas d’un adulte, mais là, en plus, c’est un jeune qui n’est pas majeur », s’est insurgé l’homme qui est lui-même natif de Québec.

« Clairement, il est immobilisé, les bras dans le dos. De faire ça à un jeune, aussi gratuitement, ça n’a pas sa place. On parle de “servir” et de “protéger” », a-t-il poursuivi en précisant être en attente de nouvelles de l’état du garçon.

De l’avis d’Eric Martel-Bahoéli, un tel geste vient jeter de l’huile sur le feu dans le contexte des tensions raciales entre la police et la communauté noire ou les Autochtones.

« Je n’ai vraiment pas aimé ça. Ce n’est pas des bandits, ce n’est pas des mauvais jeunes. Ce n’est pas des jeunes mal intentionnés dans la vie, de ce que je connais. J’ai trouvé ça disgracieux », a-t-il exprimé.

Il craint surtout qu’un tel incident ne vienne détruire tout le travail d’intervention que ses collègues et lui effectuent auprès des jeunes dans son club de boxe. Ces adolescents viennent y chercher un encadrement sportif, mais aussi social, ce que leur offre M. Martel-Bahoéli, qui dit aussi travailler avec la Direction de la protection de la jeunesse pour aider des jeunes.

« Il n’y a aucun policier noir à Québec ! »

Malgré tout, il refuse de jeter la pierre à tout le Service de police. À son avis, il y a de mauvais policiers qui donnent une mauvaise réputation à tous leurs confrères, et ce sont eux qu’il faut identifier et sortir des rangs de la police.

En tant que natif de Québec et résidant de la Vieille Capitale, M. Martel-Bahoéli aimerait aussi voir des policiers noirs au sein du SPVQ, et plus tôt que tard.

« Il n’y a aucun policier noir à Québec ! Ce n’est pas normal, en 2021, quand tu regardes la ville de Québec et que tu regardes le corps policier, qui est supposé être représentatif de la population, et qu’il y a zéro policier noir », observe-t-il.

En soirée, samedi, le maire de Québec, Bruno Marchand, a lui aussi réagi à la vidéo en publiant un message sur son compte Twitter. Se disant « troublé par ces images », il a promis que « la lumière sera faite sur ces évènements ».