Au procès devant jury de Paul Zaidan, accusé de l’avoir kidnappé, Nicholas Tsouflidis, président de la chaîne de restaurants Chez Cora, a eu à répondre à plusieurs questions sur des messages textes qu’il a envoyés récemment aux enquêteurs de la Sûreté du Québec, dans lesquels il les insulte et se plaint d’être une « victime du système judiciaire ».

« Va chier bro ! », « Vous allez brûler, fuck you ! », « Vous êtes des pas bons, le système n’est pas bon ! », « Vous êtes faibles ! », « La pire chose c’est de mentir ! » Voici quelques-uns des messages que Nicholas Tsouflidis a admis avoir envoyés aux policiers, alors qu’il était contre-interrogé, mercredi, par l’avocat de l’accusé, MHovsep Dadaghalian.

M. Tsouflidis a mis ces messages sur le compte de la colère.

« Quand on ne vous dit pas ce que vous voulez savoir, vous devenez insultant et arrogant ? », lui a demandé MDadaghalian.

Le processus judiciaire est long, ardu et difficile, surtout quand on est victime et témoin et qu’on n’a droit à aucune information. C’est frustrant.

Nicholas Tsouflidis, pour justifier ses insultes

Sa frustration vient notamment du fait qu’un seul homme a été accusé dans cette affaire, alors que les kidnappeurs étaient au moins trois, a-t-il expliqué.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Nicholas Tsouflidis et sa mère, Cora Tsouflidou

Kidnapping allégué

Paul Zaidan, 52 ans, ex-franchisé de Chez Cora, est accusé d’avoir orchestré l’enlèvement et la séquestration de Nicholas Tsouflidis, le 8 mars 2017, et d’avoir tenté d’extorquer sa mère, Cora Tsouflidou, fondatrice de la chaîne de restaurants.

Lors de la première journée du procès, mardi au palais de justice de Laval, Nicholas Tsouflidis a raconté comment s’était déroulé l’évènement, alors qu’il était interrogé par la procureure de la Couronne, MSarah Beaudry-Leclerc. Mercredi, c’était au tour de MHovsep Dadaghalian de le contre-interroger, en tentant de faire ressortir certaines contradictions dans ses propos et en faisant référence aux évènements comme « le kidnapping allégué ».

MDadaghalian s’est notamment intéressé au fonctionnement de l’entreprise familiale et aux sommes qui étaient versées aux trois enfants de Cora Tsouflidou.

Avant l’enlèvement, il aurait été convenu de verser 200 000 $ à chacun des enfants, mais l’aîné, Theoharis Tsouflidis, n’aurait finalement reçu que 50 000 $, a laissé entendre l’avocat.

Je ne suis pas au courant. C’était une décision de ma mère. C’est possible.

Nicholas Tsouflidis

Des sommes variables étaient versées à la fratrie certaines années, quand les affaires de l’entreprise allaient bien, mais il a dit ne pas se souvenir des détails de ces versements.

MDadaghalian a aussi interrogé le témoin au sujet de ses liens avec son frère, rentré au Québec en 2016 après plusieurs années en Grèce. Le président de Chez Cora a expliqué avoir refusé de lui donner un emploi au sein de l’entreprise, affirmant que Theoharis Tsouflidis n’avait pas l’expérience requise.

« Tirez-moi maintenant ! »

Plus tard au cours du contre-interrogatoire, Nicholas Tsouflidis a dû répondre à plusieurs questions sur les évènements reliés à l’enlèvement. Il croyait être victime d’un braquage de domicile, a-t-il raconté.

Quand les ravisseurs, pointant une arme sur lui, lui ont demandé de monter dans leur voiture, il a commencé par refuser, relate-t-il. « Il n’est pas question que je parte avec vous. Allez vous faire foutre ! Tirez-moi maintenant ! », leur a-t-il dit.

« Vous n’avez pas crié à l’aide ? », a demandé l’avocat de la défense. « Je n’y ai pas pensé à ce moment-là », a répondu Nicholas Tsouflidis.

De toute façon, a-t-il dit, à la campagne, là où les voisins sont éloignés et où personne ne circule à 21 h le soir, personne ne l’aurait entendu.

Le contre-interrogatoire de M. Tsouflidis se poursuit jeudi.