L’identification de l’individu qui a tué l’ancien motard Sébastien Beauchamp sur le terrain d’une station-service de l’arrondissement de Saint-Léonard le 20 décembre 2018 a été au cœur des témoignages de civils entendus mardi au procès du présumé tueur à gages Frédérick Silva.

Outre le meurtre de Beauchamp, l’homme de 40 ans est accusé d’avoir tenté de tuer le mafieux Salvatore Scoppa en février 2017 à Terrebonne, et d’avoir assassiné Alessandro Vinci et Yvon Marchand à Laval et à Montréal en octobre 2018. Son procès devant le juge Marc David de la Cour supérieure en est à sa 19journée.

Mardi, les procureurs de la Poursuite ont appelés à la barre cinq témoins civils : un couple de clients de la station-service, un gérant du commerce et un couple d’automobilistes qui passaient par là - dont les noms font l’objet d’un interdit de publication - et qui ont vu les évènements ou une partie de ceux-ci.

L’homme et la femme, clients de la station-service, étaient venus faire le plein et acheter des cafés et des muffins qu’ils ont consommé dans le stationnement du commerce. L’homme, qui parlait au téléphone, est sorti du véhicule pour jeter ses déchets dans une poubelle lorsque sa conjointe lui a crié de revenir dans le véhicule.

« J’ai vu une personne marcher et une autre personne derrière elle avec un objet noir dans les mains. J’entendais des tirs en même temps. C’était comme des pétards ou quelque chose de pas trop fort. J’en ai entendu peut-être deux ou trois », a raconté la femme qui a alors saisi son téléphone pour communiquer avec le 911.

« Ma femme m’a dit : "Il a un pistolet ! Il vient vers toi ! Baisse-toi !" La victime venait vers moi mais elle a changé de trajectoire. Il faisait "aïe", comme s’il avait reçu des coups de matraque dans le dos. Il marchait tout croche. L’autre monsieur, j’ai vu un long pistolet noir et ça avait l’air d’un silencieux » a renchéri son mari.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Sébastien Beauchamp

Selon le couple, le suspect a pris la fuite à pied par la rue Langelier, en direction sud. Il l’a suivi en véhicule sur un coin de rue, jusqu’à une garderie voisine, où le mari a mis fin à la poursuite.

L’homme a décrit le suspect comme un homme trapu, ni grand ni petit, entièrement vêtu de noir et portant un bonnet. Sa femme a parlé d’un suspect qui a agi seul et qui était âgé entre 30 et 35 ans.

Il criait à l’aide

Un ancien caissier du dépanneur de la station-service a raconté avoir vu un homme à l’extérieur s’approcher de la porte en criant et en agitant les bras, tout en demandant de l’aide.

« Au début, je n’ai pas compris ce qui se passait mais quand j’ai vu le deuxième homme avec une arme à feu dans les mains, j’ai tout compris », a déclaré l’ex-employé.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Les policiers ont déposé des cônes aux endroits où des éléments de preuve ont été trouvés le soir du meurtre de Sébastien Beauchamp.

Ce dernier a dit que la victime a ensuite fait le tour des pompes 1 et 2, vraisemblablement pour tenter d’échapper au tueur, mais qu’elle a glissé. Plus tard, il l’a vue gisant sur le sol, près de la rue Langelier.

Il a décrit le suspect comme n’étant « pas de grande taille » et portant un masque de vieil homme ou de dame, des gants et un cache-cou. Il a évalué qu’il se tenait au maximum deux mètres et demi derrière la victime.

« Par la suite, il (le tueur) est passé doucement près de la pompe 3, il nous (les employés et clients à l’intérieur) a regardés, il a jeté l’arme devant la pompe trois et il est parti vers la rue Langelier », a poursuivi le témoin.

Enfin, un automobiliste qui passait par là a dit avoir vu un homme vêtu en foncé et portant un sac à dos, à la démarche « accroupie » et qu’il croyait blessé, marcher sur la rue Langelier en direction sud et tourner à droite sur une rue où se trouve une garderie.

Quatre blessures

Selon un rapport du docteur André Bourgault, pathologiste, qui a été déposé en cour, Sébastien Beauchamp a été atteint de six coups de feu qui lui ont causé quatre blessures : à la nuque du côté droit, derrière l'épaule droite, à l’avant-bras droit et à la paroi abdominale du côté gauche.

C’est cette dernière blessure, qui a causé une hémorragie, qui a été létale. La victime a également reçu une autre balle dans le bras droit et une autre qui lui a lacéré le cuir chevelu.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.