Des trafiquants de drogue présumés, liés aux Hells Angels et établis dans l’est de Montréal depuis plusieurs années, ont été arrêtés jeudi pour un meurtre et d’autres actes violents commis à Montréal l’an dernier, pour gangstérisme et pour trafic de stupéfiants.

Les 12 suspects arrêtés feraient partie du clan de Gaetan Bradette, qui dirigerait depuis longtemps un réseau de trafic de stupéfiants dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Ils feront face à des accusations de gangstérisme, trafic de stupéfiants, complot, voies de fait armés et à d’autres chefs liés aux armes à feu.

Tommy Bradette, 25 ans, fils de Gaetan Bradette, Jonathan Fortier, 42 ans, et Samir Drissi Atmani, 29 ans, seront accusés de séquestration et du meurtre au premier degré de Bardia Gorji, 38 ans. Ce dernier avait été retrouvé grièvement blessé le 25 juillet 2020, dans l’arrondissement d’Anjou, et a succombé à ses blessures trois semaines plus tard à l’hôpital.

À la suite du meurtre de M. Gorji, les enquêteurs des Crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), aidés de leurs collègues de la Division du crime organisé, ont déclenché une importante enquête au cours de laquelle les suspects ont notamment été mis sur écoute, selon nos sources.

En mai dernier, les enquêteurs ont déployé le poste de commandement mobile du SPVM rue Ontario, près de la rue Bercy, et invité toute personne qui aurait des informations sur l’assassinat de M. Gorji à communiquer avec la ligne Info-Crime.

Selon nos informations, le meurtre serait lié aux stupéfiants et il pourrait s’agir d’un passage à tabac qui a mal tourné.

Entre Montréal et l’Abitibi

Selon la police, en plus de l’est de Montréal, le clan Bradette serait également impliqué dans le trafic de stupéfiants dans une partie de l’Abitibi. Les membres du groupe exerceraient ces activités avec la bénédiction des Hells Angels, à qui ils verseraient une taxe.

Outre le trafic de stupéfiants, les membres du clan Bradette sont également soupçonnés d’être impliqués dans des activités d’extorsion et d’incendies criminels, et utiliseraient la violence dans le but de forcer leurs victimes à s’approvisionner auprès d’eux, ou à travailler pour eux.

Gaetan Bradette, qui serait le chef du clan, était un fidèle de Steven « Bull » Bertrand, un ami de Maurice Boucher, ancien chef guerrier des Hells Angels.

Selon des documents judiciaires, Gaetan Bradette a été agressé en plus d’être victime d’une tentative de meurtre en 2013, alors que les enquêteurs de la Sûreté du Québec menaient l’enquête Magot-Mastiff, par laquelle ils ont décapité deux ans plus tard une alliance motards-mafia-gangs qui dirigeait le crime organisé montréalais.

Plus tard, un ancien trafiquant de stupéfiants du quartier Hochelaga-Maisonneuve devenu témoin repenti pour les autorités avait témoigné et raconté en cour que Bradette avait été « tassé » par l’organisation.

Gaetan Bradette, 59 ans, et un autre homme, Éric Morache, 41 ans, seront accusés de gangstérisme et de chefs liés au trafic de stupéfiants ce vendredi, au palais de justice de Montréal, selon un communiqué diffusé par le SPVM en fin d’après-midi jeudi.

Tommy Bradette, surnommé le Russe, a été condamné à 21 mois de prison pour trafic de stupéfiants en 2015. Il a été acquitté de plusieurs accusations de violence au cours des dernières années, mais a été reconnu coupable de quelques chefs de non-respect de conditions et a dû parfois s’engager à garder la paix.

Avec cette enquête, la police espère résoudre une série d’agressions violentes, en plus du meurtre de M. Gorji, qui se sont produites de juillet à septembre 2020, ajoute le SPVM dans son communiqué.

Les arrestations ont été effectuées à Montréal, Mascouche, Napierville et Shawinigan, avec la collaboration de la Sûreté du Québec et de la police de Mascouche.

Durant l’enquête, les policiers ont effectué une vingtaine de perquisitions à Montréal, Laval, Barraute et Rivière-Héva (en Abitibi-Témiscamingue). Celles-ci ont mené à la saisie notamment de près de quatre kilogrammes de cocaïne, de plus de 233 000 $ et d’une arme à feu.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4018, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.