Son terrain gratté sur une profondeur de deux pieds pour enlever toute trace des corps et ensuite jeter les restes dans la rivière, toutes les lames usées pour faire disparaître les armes utilisées, les bidons d’essence, les nombreuses cordes de bois et les arbres abattus pour alimenter le feu, les litres d’eau de javel vidés pour nettoyer le plancher du garage après le crime et chaque année : toutes ces choses qu’elle a dites à l’ancien tueur à gages de la mafia devenu taupe pour la police alors qu’elle était enregistrée à son insu étaient des mensonges, affirme sous serment Marie-Josée Viau.

La femme de 46 ans, qui, avec son conjoint, Guy Dion, est accusée d’avoir comploté les meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, commis dans le garage de sa propriété de Saint-Jude le 30 juin 2016, et d'y avoir participé, a continué de témoigner mardi, principalement sur ses déclarations faites en 2019, alors qu’elle était enregistrée sans le savoir par l’homme qui a tué les frères dans son garage et qui est ensuite devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la Sûreté du Québec.

Une à une, l’avocate de Viau, MMylène Lareau, a égrainé comme un chapelet toutes les déclarations qui pourraient sembler compromettantes faites par sa cliente à l’ACI, et chaque fois la réponse a été à peu près la même.

« Je vois que le tueur à gages est insistant sur beaucoup de facteurs. Pour moi, cela a été davantage un moyen de défense que je me suis mis à employer pour essayer de le calmer, pour ne pas qu’il ait peur ou qu’il doute que je veuille le passer », a répété en substance Marie-Josée Viau, dans des mots différents, ajoutant avoir eu peur de celui-ci.

La femme a nié que son conjoint a déjà été chauffeur-garde du corps pour le chef de clan de la mafia Salvatore Scoppa.

Elle a aussi nié avoir eu une longue conversation seule à seul, sur une table à pique-nique, avec Andrew Scoppa et dit qu’elle a gonflé l’affaire. « On s’est échangé deux mots. Andrew m’a dit : Bonne fille et je suis partie.

Elle a eu beau parler au tueur à gages de Victor Mirarchi, Vito Salvaggio, Steve Casale, des individus reliés à la mafia montréalaise, elle assure ne les avoir jamais connus ou rencontrés. « J’ai zéro contact là-dedans. Je ne connais personne. Je n’ai personne chez nous qui est dans la mafia », a-t-elle déclaré.

« À l’hiver 2016, j’étais toujours incapable d’entrer ma voiture dans le garage. C’est Guy qui le faisait à ma place. Même encore aujourd’hui, j’ai encore peur de représailles et que quelqu’un retontisse chez nous », a témoigné Marie-Josée Viau, en laissant encore parfois échapper quelques sanglots.

Son témoignage se poursuivra mercredi et elle sera ensuite contre-interrogée par la poursuite assurée par MIsabelle Poulin et MKarine Cordeau du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.