Il a fallu moins de 20 secondes au tueur d’Alessandro Vinci pour entrer dans le commerce de vente et de location d’automobiles de sa victime, se rendre à son bureau, le cribler de 15 balles et ressortir de l’entreprise, le soir du 11 octobre 2018.

C’est ce que l’on peut voir sur une vidéo d’une caméra de surveillance du commerce déposée jeudi matin au procès pour tentative de meurtre et pour meurtres de Frédérick Silva, 40 ans, qui se déroule depuis plus de deux semaines au palais de justice de Montréal.

Outre le meurtre d’Alessandro Vinci, 31 ans, tué dans son commerce de Laval le 11 octobre 2018, Silva est également accusé d’avoir tenté de tuer le mafioso Salvatore Scoppa en février 2017 et d’avoir assassiné Yvon Marchand et Sébastien Beauchamp à la fin de 2018.

PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM

Frédérick Silva

Jeudi matin, un enquêteur des Crimes contre la personne de la Sûreté du Québec, Steve Gervais, a présenté au juge Marc David, de la Cour supérieure, plusieurs vidéos captées par les huit caméras de surveillance (uniquement extérieures) du commerce le soir du meurtre.

On y voit notamment un homme vêtu d’un kangourou, capuchon remonté, portant un sac en bandoulière, qui apparaît dans le champ d’une première caméra vers 20 h 34. Il marche sur le trottoir, passant devant le commerce et revenant. Il marche tranquillement devant l’entreprise et entre par une porte avant à 20 h 36 : 24. Il en sort à peine 20 secondes plus tard en trébuchant sur le trottoir, qui était mouillé ce soir-là, en raison d’une neige fondante qui tombait, traverse la rue et fuit en courant vers l’ouest.

Les parties ont toutefois admis que les caméras ont 20 minutes d’avance sur l’heure réelle.

Chargeur vidé

Alessandro Vinci se trouvait dans son bureau lorsqu’il a été abattu par un individu qui a abandonné l’arme du crime, un pistolet Ruger modèle Security 9 muni d’un silencieux et d’un chargeur de 15 balles.

PHOTO TIRÉE DE LINKEDIN

Alessandro Vinci

Visiblement, le tueur a vidé celui-ci puisque ce sont 14 douilles percutées et 12 projectiles qui ont été retrouvés par les policiers dans le bureau de la victime.

Le sergent-détective Gervais a également indiqué que le soir du meurtre, une seule porte du commerce était déverrouillée et qu’un détecteur de mouvement émettait un signal sonore « assez fort » lorsque quelqu’un franchissait la porte.

Il a également indiqué que le iPhone de la victime a été fracassé, ce qui peut laisser penser qu’Alessandro Vinci était au téléphone ou tenait celui-ci au moment où il a été tué.

Un billet de la Société de transport de Montréal a été retrouvé par un chien renifleur le lendemain du crime, sur la pelouse d’une maison du boulevard Lévesque Ouest, à quatre portes du commerce de la famille Vinci. Des empreintes digitales ont été décelées sur ce billet à au moins trois endroits, mais pour le moment, aucun témoin n’a confirmé ou infirmé qu’il s’agit de celles de l’accusé.

L’avocate de Silva, MDanièle Roy, a contre-interrogé le témoin Gervais au sujet de ce billet et a souligné le fait qu’il n’a pas été retrouvé du côté de la rue par lequel le suspect a pris la fuite.

« Je n’ai effectivement pas la certitude que le suspect est passé par là », a dit l’enquêteur Gervais.

Le procès se poursuit lundi matin.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.