Karim Jean-Gilles, le propriétaire du pitbull qui a défiguré une fillette dans un parc de Brossard en 2015, a récemment refusé de sortir de prison, car il ne voulait pas être libéré à Winnipeg. L’homme à l’idéologie « extrémiste » des « Freeman on the Land » devra ainsi continuer de purger sa peine d’environ six ans de détention.

Devant cette décision inusitée de Karim Jean-Gilles, la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) vient de révoquer sa libération d’office. Une décision exceptionnelle, puisqu’un détenu est presque automatiquement libéré sous conditions aux deux tiers de sa peine.

Karim Jean-Gilles purge une peine fédérale de cinq ans et neuf mois pour deux crimes distincts. En 2018, il avait écopé de quatre ans de détention pour avoir causé des blessures à la petite Vanessa Biron par sa négligence criminelle « grossière et extrême ». La fillette avait été mordue au visage et traînée sur plusieurs mètres par le pitbull de l’accusé.

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Vanessa Biron avait été mordue au visage et traînée sur plusieurs mètres par le pitbull de Karim Jean-Gilles.

Et quand un huissier est venu porter chez lui sa sommation à comparaître, Karim Jean-Gilles l’a sévèrement battu. En résistant à son arrestation, il a même asséné un violent coup de poing à la tête d’un policier, au point de le rendre inconscient.

Karim Jean-Gilles adhère à l’idéologie des « Freeman on the Land », un « groupe extrémiste anti-gouvernement/anti-autorité qui affirme que le gouvernement moderne est corrompu et que les individus ne sont pas obligés d’interagir avec l’État ou ses agents », décrit le CLCC, dans une décision rendue publique ce jeudi.

Depuis qu’il est détenu, Karim Jean-Gilles refuse ainsi de collaborer avec les autorités carcérales, encore moins de participer à des programmes d’intervention. Les agents doivent carrément « se méfier » de lui à chaque intervention. En 2019, la Commission révélait qu’il était en isolement depuis un an. Il était décrit comme une personne « antisociale, irritable » et au faible potentiel de réinsertion sociale.

« Vous avez manifesté une résistance relativement constante à l’égard du système de justice pénale et du système correctionnel », indique la Commission.

Malgré tout, Karim Jean-Gilles devait être libéré d’office le 31 mars dernier, alors qu’il est détenu dans un établissement de l’Ouest canadien. Or, il a refusé de quitter le pénitencier, car il ne voulait pas être libéré à Winnipeg, ville où il ne connaît personne.

« Vous demandez, entre autres, à être libéré dans des endroits précis et à ce que les renseignements dans votre dossier et les communications soient envoyés à certains endroits ou éliminés », indique la CLCC

Plus tôt ce mois-ci, Karim Jean-Gilles a ensuite décidé de ne pas se présenter à son audience devant les commissaires. « La Commission doit conclure que vous vous accrochez à des attitudes et valeurs non seulement antisociales, mais qui tolèrent aussi les actes de violence. Ce sont des éléments qui aggravent votre risque de récidive », conclut la CLCC, dans une décision rendue publique jeudi.