Dès le début de sa collaboration avec la Sûreté du Québec, l’ancien tueur à gages qui a aidé la police à résoudre les meurtres de trois individus liés à la mafia commis en 2016 a dit posséder des informations sur plusieurs autres assassinats ou attentats.

Cet ex-tueur à gages, devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la police et dont on doit taire le nom en raison d’un interdit de publication, a commencé à être contre-interrogé lundi au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés d’avoir comploté et participé aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto commis par l’ACI lui-même, sur leur terrain à Saint-Jude, le 30 juin 2016.

MNellie Benoit, de la défense, lui a posé des questions sur plusieurs messages textes qu’il a envoyés à des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) après s’être d’abord manifesté sur la ligne d’information de la SQ à la fin de décembre 2018.

« Je suis transparent avec toi. Sois transparent avec moi. Campagnolo, Spagnolo, Sollecito, Giordano, Del Balso, Falduto (2), le gars devant la maison de transition en 2015, le gars qui a mis un contrat sur Ziad Ziade et le coiffeur Gallo, le fils, qui avait un salon sur Jean-Talon, Richard Goodridge et compagnie. Dis-moi que j’ai l’immunité pour ça et je suis une banque d’informations. Je peux te dire qui a organisé ça, qui était le chauffeur, le tueur. Je peux les infiltrer, les enregistrer, je peux tous les donner », a écrit le tueur à gages à un officier de la SQ, Martin Robert, le 16 janvier 2019.

Questionné sur d’autres messages textes, l’ACI a répondu à MBenoit que c’était pour que la police enquête sur des individus qui l’ont agressé sexuellement et sur une ancienne conjointe qu’il a communiqué avec la SQ.

Il a continué de tenir des propos très durs envers des officiers de la Sûreté du Québec, affirmant notamment que s’il avait retiré sa collaboration, la police se serait tournée vers deux autres individus pour le compromettre. « Si je ne restais pas avec eux [les policiers], c’est sûr qu’ils m’auraient pris par en arrière », a-t-il déclaré.

Dans un autre échange de messages textes daté du 21 janvier 2019, l’ACI a raconté qu’il avait un problème avec un individu qui lui avait donné un contrat de 15 000 $ pour blesser par balles Marc-André Lachance. L’individu lui a donné un dépôt de 10 000 $, mais l’ACI n’a pas voulu remplir le contrat. Il a confirmé que ce même individu lui a, à peu près à la même époque, également offert 10 Glock .40 pour 2500 $ chacun.

Le témoin a aussi confirmé que durant trois jours, en janvier 2019, il a fait sa déclaration de vie criminelle et a énuméré aux policiers tous les crimes qu’il avait commis. « J’en avais en masse. Ils m’ont demandé d’arrêter de leur donner des crimes et de leur donner seulement les plus importants », a dit l’ancien tueur à gages.

MBenoit a aussi posé plusieurs questions sur une ancienne conjointe de l’ACI, une intervenante auprès des détenus que l’ACI a connue lors de son arrivée dans une maison de transition en 2014. L’ACI en veut beaucoup à cette dernière, qu’il accuse de plusieurs choses, notamment de l’avoir menacé et d’avoir eu des liens avec des criminels. Il a demandé à ce que la SQ enquête sur elle, pour qu’elle perde son emploi et aille en prison.

L’ancien tueur à gages a également indiqué qu’à la fin de l’opération de la SQ qui a mené à l’arrestation de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, il devait y avoir un deuxième volet d’enquête qui viserait Charlie Renda et Andrew Scoppa, « que cela était prévu à son contrat », mais que ces deux cibles lui « ont été données puis retirées ».

Il s’est décrit comme un cheval de Troie, dont le rôle était de devenir ami avec ses cibles et ensuite de les éliminer.

Il a dit que dès le début de sa collaboration avec les enquêteurs, il a prévenu ceux-ci que Salvatore Scoppa serait tué lors de la première communion de son fils, après avoir été trahi par l’un de ses proches.

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