Un pédophile montréalais qui avait agressé sexuellement six fillettes âgées de 5 à 11 ans, dont sa propre fille, a été condamné à quatre ans de pénitencier. Des crimes commis sur trois décennies qui ont marqué au fer rouge des générations d’enfants. « Tu m’as volé mon enfance, j’ai perdu mon innocence », a confié l’une des victimes.

« Il m’a souillée. Je n’étais qu’une enfant. Chaque fois qu’il me touchait, je me sentais de plus en plus mal », a dit Carole*, lors de l’imposition de la peine de son agresseur, le 13 juillet dernier, au palais de justice de Montréal.

Au début des années 2000, Carole n’avait que 11 ans lorsque le pédophile de Montréal-Nord l’a agressée à de multiples occasions. La fillette était une amie de la fille de son agresseur. Pendant longtemps, Carole a cru avoir « mérité » son sort, voire d’avoir « encouragé » son agresseur. « Mais je réalise aujourd’hui que je suis une victime », conclut-elle.

Le pédophile de 61 ans a plaidé coupable l’hiver dernier à de nombreux chefs d’accusation d’agressions sexuelles et de contacts sexuels sur un mineur. On ne peut toutefois le nommer pour protéger l’identité des victimes, dont sa belle-sœur et l’une de ses filles.

En 1983, à 24 ans, l’agresseur s’en est pris à la petite sœur de sa conjointe, âgée d’à peine 5 ans. Le pédophile lui a montré « ce que font les grandes personnes » en lui faisant des attouchements, puis en l’incitant à le toucher. Il l’a agressée à au moins une autre occasion.

Dans les années 1990, le pédophile a agressé sexuellement à « quelques reprises » l’une de ses propres filles, alors âgée de 8 ou 9 ans. Un jour, sa belle-sœur, qu’il avait agressée une décennie plus tôt, l’a pris en flagrant délit et l’a mis en garde. Mais l’agresseur a continué de faire des victimes – pas moins de quatre dans les années suivantes.

Des vies marquées

« Cet adulte a réussi à marquer un jeune enfant à vie », confie Karine*. Elle avait seulement 5 ans lorsque l’accusé l’a agressée la première fois, dans la cuisine de l’accusé, où la fillette était souvent gardée. Pendant des années, il la touchait « dès qu’il en avait la chance ».

« Une question tourne dans ma tête : “Comment personne n’a réalisé la peur dans les yeux d’un enfant qui normalement devraient briller ?” L’enfant pousse un cri, il est silencieux, mais si fort à la fois. En vieillissant, on croit que ça finira par faire moins mal, mais bien au contraire. Vouloir crier à tue-tête, mais aucun son ne veut sortir de ma bouche », a confié Karine dans une lettre.

Mélanie* souffre d’anxiété généralisée, de choc post-traumatique et de dépression. Elle est en « mode survie » depuis toujours. Elle avait seulement 7 ans lorsque l’accusé l’a agressée au début des années 2000.

J’ai peur de sortir le soir. J’ai peur de me retrouver seul avec un homme. J’ai tellement peur que j’ai peur de vivre.

Mélanie

Malgré ses agressions répétées sur trois décennies, l’accusé présente maintenant un risque de récidive de « faible à modéré » et « sous la moyenne », selon les experts. Notons qu’il a fait au moins une autre victime, puisqu’il a été reconnu coupable d’attentat à la pudeur, en 1982. Il avait écopé de 30 jours de prison.

Peine « juste », selon la poursuite

Aux yeux de la poursuite, la peine de quatre ans d’emprisonnement est « juste » compte tenu des nombreux facteurs aggravants et de sa reconnaissance de culpabilité. De plus, l’accusé n’a commis aucune agression depuis une décennie, a souligné la procureure de la Couronne, MLouise Blais.

En s’adressant à la cour, l’accusé a présenté ses excuses aux victimes. « Je voudrais juste dire que je m’excuse pour les actes que j’ai faits. J’espère un jour qu’ils vont me pardonner. Je suis prêt à aller faire de la thérapie en conséquence pour la guérison, justement », a-t-il déclaré.

L’accusé s’est dit « prêt à tout faire » pour s’en sortir. Il espère que ses petits-enfants ne le percevront pas comme un homme « dangereux ». Comment explique-t-il ses gestes ? lui a demandé le juge Jean-Jacques Gagné. « Je ne peux pas vous dire. J’essaie de comprendre ce qui est arrivé », a-t-il répondu.

Le juge Gagné a suivi la recommandation commune des avocats et a condamné l’accusé à quatre ans de détention.

* Prénoms fictifs pour protéger l’identité des victimes