Les trois hommes qui ont été arrêtés mardi à Montréal dans la foulée de l’enlèvement d’une adolescente de 16 ans, dont deux sont des frères de la victime, ont été formellement accusés mercredi d’enlèvement et de séquestration. Le processus judiciaire se poursuivra dans les prochains jours dans ce dossier.

« Je peux vous confirmer que des accusations ont été déposées dans le dossier. On parle d’une plainte conjointe, c’est-à-dire que les trois suspects sont accusés dans le même dossier, mais pas tous pour les mêmes chefs », a indiqué la porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), MAudrey Roy-Cloutier, questionnée à ce sujet mercredi.

Le premier des deux frères, âgé de 22 ans, devra faire face à cinq chefs d’accusation : enlèvement, séquestration, voies de fait (deux chefs) et méfaits.

De son côté, le deuxième frère, qui est âgé de 21 ans, fera face à six chefs d’accusation, soit les mêmes qui ont été cités plus haut, en plus d’une accusation de menaces. Le troisième homme impliqué dans cette affaire, qui n’appartient pas à la famille de la victime, est quant à lui accusé de deux chefs, soit enlèvement et séquestration. Il est aussi âgé de 21 ans.

Les trois accusés ont comparu par visioconférence en après-midi, de leur lieu de détention respectif. Pour l’heure, ils demeurent tous détenus. Le juge leur a clairement indiqué qu’il leur est « interdit de communiquer avec la plaignante », sous quelque motif et de quelque façon que ce soit.

Dans l’intervalle, l’enquête sur leur mise en liberté a été fixée à ce jeudi, mais selon nos informations, seul le cas d’un des trois accusés devrait être traité. Les deux autres suivront dans les prochains jours. Soulignons qu’une demande d’ordonnance de non-publication a également été accueillie par le tribunal mercredi, afin de limiter la publication de tout renseignement qui pourrait permettre d’identifier la victime, qui est mineure.

Une alerte AMBER au cœur de l’affaire

Tout avait commencé lundi dernier en fin de soirée, dans cette affaire. Vers 23 h 10 ce jour-là, les policiers montréalais avaient reçu un appel au 911 pour un « possible enlèvement ».

L’adolescente de 16 ans, qui travaillait dans un restaurant, aurait été mise de force dans un véhicule par son frère, à la suite d’une violente dispute. Deux autres suspects et lui auraient alors pris la fuite avant l’arrivée des policiers. Le conflit a été filmé par des caméras de surveillance appartenant au commerce, et les enquêteurs ont visionné ces bandes vidéo.

Un employé s’est même interposé entre la victime et ses ravisseurs, a confirmé un travailleur du restaurant qui a requis l’anonymat.

Mardi en début de journée, la police de Montréal a déclenché une alerte AMBER pour retrouver l’adolescente disparue. D’après des informations recueillies, c’est un conflit familial qui serait au cœur de sa disparition.

La jeune fille de 16 ans a finalement été trouvée dans le secteur de Pierrefonds, dans l’ouest de l’île de Montréal, peu après le déclenchement de l’alerte. D’après nos informations, elle aurait été conduite au poste de police. Elle présentait alors des blessures mineures qui ne mettaient pas sa vie en danger. Peu après, les trois hommes impliqués ont été arrêtés. Un témoin, qui avait d’abord été identifié à tort comme un suspect par les autorités, a aussi été appréhendé par les enquêteurs.

« Reliée à un conflit de violence intrafamiliale »

D’autres témoins ont également été interrogés par les enquêteurs au cours de la journée de mardi, en particulier dans le secteur où la scène s’est déroulée. Un poste de commandement a d’ailleurs été déployé sur le boulevard Saint-Charles, afin de recueillir un maximum d’informations.

Malgré tout, plusieurs éléments restent encore à valider. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a néanmoins confirmé mardi soir que l’affaire est fort probablement « reliée à un conflit de violence intrafamiliale », sans toutefois s’avancer sur l’éventualité d’un « crime d’honneur » pour le moment.

Au Québec, une alerte AMBER ne peut seulement être déclenchée que par la Sûreté du Québec ou le SPVM. Les autorités doivent avoir « des motifs raisonnables de croire qu’un enfant (une personne de moins de 18 ans) a été victime d’un enlèvement », et qu’il a subi des lésions corporelles ou est en danger de mort.