Un tueur à gages de la mafia devenu taupe pour la police a participé à au moins 13 scénarios d’infiltration pour tenter de compromettre les suspects des meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, commis à l’été 2016. Chaque fois, l’homme portait un dispositif d’enregistrement portatif et une caméra lui permettant de filmer les personnes avec lesquelles il discutait.

Pour la première fois mardi, des témoins ont commencé à parler de l’implication de cet agent civil d’infiltration (ACI) dans l’enquête sur les meurtres des frères Falduto au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés d’avoir comploté et pris part aux assassinats.

Un interdit de publication nous empêche toutefois d’identifier l’ACI, ainsi que d’autres individus qui ont fait l’objet de l’enquête policière.

Selon la théorie de la poursuite, les meurtres des frères Falduto ont été commis le 30 juin 2016 par ce tueur à gages devenu ACI pour la police, sur la propriété du couple Viau et Dion, à Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Selon la théorie de la poursuite, les meurtres des frères Falduto ont été commis sur la propriété du couple Viau et Dion, à Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe. 

Par la suite, Marie-Josée Viau et Guy Dion auraient brûlé les corps et jeté les restes dans une rivière, et auraient effacé toute trace du crime, selon la poursuite.

Dans sa déclaration d’ouverture le mois dernier, la procureure, MIsabelle Poulin, a prévenu les jurés que la preuve la plus percutante « viendra des accusés eux-mêmes » et que les jurés « entendront leurs paroles ».

IN26746 et Luc

Un enquêteur de la Sûreté du Québec, Stéphane Malenfant, a raconté mardi qu’il y a eu au moins 13 scénarios d’infiltration impliquant l’ACI, dont le code était IN26746, mais aussi un agent double de la police qui l’accompagnait, AI1203, dont le faux prénom est Luc.

Ces scénarios ont débuté le 3 juillet 2019, et l’un d’entre eux a eu lieu dans un restaurant de poutine de Saint-Basile-le-Grand.

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Les frères Giuseppe et Vincenzo Falduto

L’ACI a pris part à l’élaboration des scénarios. Ses contrôleurs lui ont fourni un téléphone cellulaire et eux avaient un appareil sur lequel il pouvait les joindre. Il a consenti à être écouté et filmé. Tout ce qu’il a fait ou dit était noté dans un cahier. Durant environ cinq mois, l’ACI a vu ses contrôleurs six jours sur sept et a échangé avec eux tous les jours de la semaine, avant d’être retiré de l’opération le 19 septembre 2019.

L’enquêteur Malenfant a également expliqué que c’est en décembre 2018 que le tueur à gages s’est manifesté pour la première fois, en envoyant un courriel à la Centrale d’information de la Sûreté du Québec, mais que la collaboration avec la SQ a débuté le 21 janvier suivant.

Le tueur à gages a été évalué par M. Malenfant, a dû confesser tous ses crimes dans une déclaration de vie, a dû décrire sa participation à tous les crimes enquêtés dans l’investigation à laquelle il allait prendre part et a dû signer un contrat avec le gouvernement.

En contre-interrogatoire, MNellie Benoit, de la défense, a demandé au témoin Malenfant si l’ACI a réclamé recevoir l’aide d’un psychologue, un traitement médical ou que la police ouvre une enquête sur « ses multiples agresseurs sexuels ». « Non », a répondu le témoin.

Scoppa et Brad Pitt

Par ailleurs, la poursuite a déposé plusieurs documents. Dans l’un d’eux, on apprend que l’entrepôt où les enquêteurs ont découvert un véritable arsenal, à Laval, était loué au nom de l’individu connu sous le nom de « Brad Pitt » depuis le début du procès.

D’autres documents, de la Société de l’assurance automobile du Québec ceux-là, révèlent qu’un Jeep Wrangler d’intérêt dans l’enquête a appartenu à Salvatore Scoppa avant d’être au nom du tueur à gages devenu ACI et qu’une moto de marque Suzuki, modèle GSX13, appartenait à un certain Alfredo Massari.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphanie Viau, la sœur de Marie-Josée Viau, à son arrivée au Centre de services judiciaires Gouin mardi matin.

La sœur de Marie-Josée Viau, Stéphanie, a aussi terminé son témoignage et dit que c’est elle qui a présenté à sa sœur et Guy Dion l’individu connu sous le pseudonyme de Brad Pitt. Le procès présidé par le juge Éric Downs de la Cour supérieure se poursuit mercredi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.