(Joliette) Le procès devant jury de Benoit Cardinal, accusé du meurtre au premier degré de Jaël Cantin, s’est ouvert jeudi au palais de justice de Joliette. Le père de la victime a livré un témoignage percutant en racontant notamment comment il a trouvé sa fille de 33 ans « dans un bain de sang ».

Le 16 janvier 2020, Jaël Cantin a été tuée à son domicile, à Mascouche. Cette technicienne en éducation spécialisée, mère de six enfants, était avec son conjoint Benoit Cardinal au moment des évènements. La cause de sa mort serait « un traumatisme par un objet contondant ».

Jeudi matin, alors que Benoit Cardinal était assis dans le box des accusés, la procureure de la Couronne a expliqué au jury que l’accusé avait démissionné de son emploi au centre jeunesse de Laval, le 10 janvier 2020, soit six jours avant le meurtre.

« Dans les semaines précédant le meurtre, Benoit Cardinal vivait des difficultés personnelles. La perte de son emploi lui causait des soucis financiers et occasionnait des tensions au sein du couple », a affirmé MCaroline Buist, en ajoutant qu’il avait aussi tenu des propos inquiétants, parfois suicidaires, à son entourage.

La nuit du meurtre, alors que des enfants dormaient paisiblement dans la résidence, quelques-uns ont été réveillés par une dispute entre les deux adultes.

Le ministère public a aussi indiqué que les premiers intervenants qui se sont rendus sur les lieux avaient reçu comme information qu’il y avait eu une introduction par effraction. Mais rapidement, « les éléments de l’enquête convergent plutôt vers un suspect du nom de Benoit Cardinal ».

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE JAËL CANTIN

Jaël Cantin

Le père de la victime, Gaétan Cantin, a été le premier témoin appelé à la barre. Sa femme et lui résidaient dans le même immeuble multifonctions que Jaël Cantin et Benoit Cardinal. Le soir des évènements, ils dormaient au deuxième étage, dans leur appartement, quand des enfants « paniqués » ont débarqués en trombe au petit matin. « Ça cogne, ça crie, ça hurle », a-t-il confié aux membres du jury, les mains tremblantes. Il a ajouté qu’encore aujourd’hui, des images de ce moment tragique lui reviennent sans cesse, la nuit.

Il est alors descendu dans le logement de sa fille où il a vu Benoit Cardinal étendu au sol. « Je n’ai pas vu de mouvement, il ne bougeait pas. » En faisant le tour des pièces, il découvre aussi sa propre fille dans une chambre. « Je vois le corps de ma fille, étendue sur le dos, à moitié nue », a raconté M. Cantin, la voix brisée. « Il y a du sang sous sa tête, c’est un bain de sang. Pour les habitués de séries télé, du sang, il y en avait autant, sinon plus. »

Il affirme ne pas avoir touché au corps et a aussitôt appelé le 911, vers 4 h du matin.

Les proches présents dans la salle d’audience ont écouté avec difficulté cet appel fait aux services d’urgence. Plusieurs n’ont pu retenir leurs larmes en entendant la détresse dans la voix de M. Cantin. « Ma fille, madame, je suis sûr qu’elle est décédée », a-t-il lancé à la répartitrice. Dans l’appel, on peut aussi entendre Benoit Cardinal crier, gémir et pleurer, alors qu’il est toujours étendu au sol. « C’est terrible, c’est pire que dans un film », a aussi lâché le père de la victime.

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M. Cantin a dit dans cet appel que, selon des enfants, une personne s’était peut-être introduite dans la maison pour commettre le crime. Ce n’est que plus tard dans la nuit qu’il a affirmé avoir compris que le meurtre avait été commis par son gendre. Il aurait alors pris sa femme dans ses bras pour lui dire : « Je m’excuse, mais il faut se faire à l’idée que c’est Benoit. »

La Couronne a annoncé qu’elle fera entendre 35 témoins, dont 5 mineurs. Certains d’entre eux seront entendus vendredi.

Également, une jeune fille de 16 ans avec qui Cardinal entretenait « un précieux lien de confiance » fait partie des prochains témoins. Quelques jours avant le meurtre, elle aurait eu une « discussion révélatrice » avec l’accusé, a annoncé MBuist.

Le procès, qui se déroule devant la juge Johanne St-Gelais de la Cour supérieure, devrait durer cinq semaines.