L’avocat de Dannick Lessard, qui réclame 3,2 millions aux autorités fédérales pour avoir permis la libération de son agresseur, Ryan Wolfson, a plaidé que le Service correctionnel du Canada avait failli à protéger la sécurité de la population, ce qui est pourtant sa mission première.

MKarim Renno, avocat de l’ex-hockeyeur Dannick Lessard, a plaidé mardi au palais de justice de Montréal que les services correctionnels avaient commis des fautes à bien des égards dans le dossier de Ryan Wolfson, qui, pendant sa libération d’office, a commis une série de meurtres et de tentatives de meurtre.

Selon lui, lorsqu’on analyse notamment l’historique criminel et les évaluations psychologiques de Wolfson, il est « impossible d’être surpris » des évènements qui se sont produits pendant les mois qui ont suivi sa sortie de prison. Pour appuyer ses propos, l’avocat a affirmé qu’aucun des témoins de la défense, dont les agentes de libération conditionnelle du délinquant, n’avait prétendu que Ryan Wolfson était revenu sur le « droit chemin », lorsque les autorités carcérales ont pris la décision de lui attribuer sa libération d’office.

Depuis qu’il avait 15 ans, Wolfson faisait des allers-retours dans les pénitenciers, a souligné MRenno. Généralement, il purgeait ses peines dans des pénitenciers à sécurité maximale en raison, entre autres, de son comportement violent et agressif. À deux reprises, toujours selon l’avocat de Lessard, les autorités carcérales ont tenté — sans succès — de le déplacer dans des pénitenciers à sécurité moyenne. Ça durait moins de deux mois, parce qu’il était trop violent, a soutenu MRenno.

Le plan de carrière de Wolfson était de « devenir un riche criminel dont tout le monde a peur », a exprimé MRenno. Pendant des heures, mardi, il a épluché le dossier du criminel pour prouver au tribunal que le Service correctionnel du Canada n’aurait pas dû accorder au détenu la libération d’office.

Sauvé de la maison de transition

Tout comme les deux fois précédentes d’ailleurs, lorsqu’il a obtenu cette libération d’office, Wolfson s’est sauvé de la maison de transition où il devait purger le dernier tiers de sa peine pour vols par effraction, en juillet 2012. Et selon l’avocat de Lessard, « on n’a pas levé le petit doigt » pour le retrouver. « Et ça, c’est troublant », a-t-il lâché en ajoutant qu’une maison de transition est censée être contrôlée adéquatement et que c’était le rôle du Service correctionnel du Canada de protéger la population jusqu’à la fin de sa peine, soit en novembre 2012.

MRenno soupçonne la « surpopulation carcérale » d’être la raison qui a poussé les autorités carcérales à attribuer la libération d’office à ce délinquant.

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Ryan Wolfson

Rappelons que pendant sa période de libération d’office, alors qu’il avait fui sa maison de transition, Wolfson a commis plusieurs crimes, dont celui d’avoir criblé de balles Dannick Lessard à la sortie du bar de danseuses où ce dernier travaillait. « Lessard a payé pour les péchés du Service correctionnel », a évoqué MRenno, qui, à certains moments, avait de la difficulté à cacher ses émotions et sa sympathie pour son client.

« Plaider avec émotions, ce n’est pas nécessairement un défaut », a d’ailleurs dit le juge Bernard Jolin, de la Cour supérieure.

Les plaidoiries de la défense commencent ce mercredi.