Un inspecteur et ex-chef de cabinet du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), relevé de ses fonctions en 2017 et payé pour rester chez lui depuis, s’adresse aux tribunaux pour retrouver son poste et son uniforme.

Dans la foulée de la vague d’allégations qui a éclaboussé le SPVM en 2017, Imad Sawaya, ancien chef de cabinet de l’ex-directeur Philippe Pichet, a été relevé de ses fonctions. Les accusations criminelles concernaient notamment des primes et des heures supplémentaires supposément réclamées sans autorisation. C’est par un article de La Presse, le 3 avril 2020, qu’il aurait appris qu’il était blanchi de ces accusations. « Mon procureur a contacté la Ville de Montréal pour dire que j’étais prêt à revenir au travail le lendemain. Même la journée même », a lancé le père de famille avec émotion, lundi, au palais de justice de Montréal.

Sauf que même s’il a été innocenté au criminel il y a près d’un an, l’inspecteur, « qui a toujours voulu être policier à Montréal », est encore aujourd’hui payé pour ne pas travailler, puisqu’il y a des manquements disciplinaires allégués à son dossier.

Selon M. Sawaya, un des manquements est d’avoir prêté un vieil iPad du SPVM à un enfant d’une de ses collègues qui avait passé la journée dans leurs bureaux. « On garde quelqu’un chez lui pour un iPad », a d’ailleurs lancé avec consternation son avocat, MThomas Villeneuve-Gagné, aux trois juges de la Cour du Québec.

Il a aussi été question dans les manquements disciplinaires d’avoir accepté du café gratuit, mais cette allégation a depuis été retirée de son dossier.

Dans le « néant »

Imad Sawaya a raconté à la barre des témoins que depuis sa suspension, il avait eu des idées suicidaires et pris des antidépresseurs. Il a également critiqué son employeur, qui l’a laissé dans le « néant » pendant tout ce temps, lui donnant très peu de nouvelles de son dossier. « J’ai donné 20 ans de ma vie et j’ai toujours cru à mon employeur. J’aurais aimé qu’il m’appelle pour me demander si j’étais en vie. Aucune nouvelle… »

Aux journalistes présents au palais de justice de Montréal, MVilleneuve-Gagné a indiqué que son client allègue avoir été congédié de façon déguisée, car une suspension devrait être d’une durée raisonnable. « C’est complètement abusif », a-t-il laissé tomber en évoquant les trois ans et demi de suspension de M. Sawaya.

La Ville de Montréal se défend pour sa part en faisant valoir qu’un processus disciplinaire est toujours en cours, ce qui justifie la suspension de l’enquêteur.

Philippe Pichet, ancien chef du SPVM qui a aussi été relevé de ses fonctions en 2017, était dans la salle d’audience à titre de « personne intéressée par la cause ». Au début de l’année, La Presse avait publié un article sur les policiers du SPVM écartés de leurs fonctions, dont plusieurs payés pour rester chez eux comme MM. Pichet et Sawaya.

Le procès au civil se poursuivra mardi.

Pour lire l’article : « Des policiers du SPVM mis à l’écart coûtent des millions »

https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-01-15/des-policiers-du-spvm-mis-a-l-ecart-coutent-des-millions.php