Le refus de Québec de nommer systématiquement des juges bilingues dans le Grand Montréal – malgré les demandes de la Cour du Québec – n’est « aucunement une question d’indépendance judiciaire », a fait valoir le ministre de la Justice.

Simon Jolin-Barrette a assuré que ses décisions respectaient entièrement les limites de ses pouvoirs, tels qu’ils sont prévus par la loi.

Le ministre défendait sa position, mercredi en matinée, au lendemain des révélations de La Presse quant à la mésentente qui l’oppose à la juge en chef de la Cour du Québec, Lucie Rondeau, au sujet des exigences linguistiques à l’égard des candidats à la magistrature. Dans des lettres que nous avons obtenues, la juge Rondeau évoquait une possible infraction à la séparation des pouvoirs par le ministre.

M. Jolin-Barrette a rejeté cet argument. « Ce n’est aucunement une question d’indépendance judiciaire », a-t-il dit, lors d’une conférence de presse sur un autre sujet. « J’ai bon espoir de travailler avec la Cour du Québec pour trouver une solution. »

Le ministre a refusé de plonger publiquement dans le débat, mais a tout de même résumé sa position.

« Les Québécois et les Québécoises ont le droit d’être entendus dans leur langue, il n’y a pas de doute là-dessus », a-t-il dit. « La question qui se pose, c’est de savoir pourquoi la Cour exige le bilinguisme systématique dans plusieurs districts alors que la majorité des dossiers sont en français et que la Cour est composée de juges qui ont des compétences linguistiques. »

Il a rejeté les critiques de ceux qui l’accusent d’avoir mélangé ses responsabilités ministérielles. « Je ne serais pas ministre responsable de la Langue française et j’aurais la même position », a-t-il dit.

Simon Jolin-Barrette n’a pas voulu commenter la façon dont les compétences linguistiques sont évaluées à l’embauche.

La Presse a rapporté mercredi qu’au moins une juge de la Cour du Québec s’était révélée incapable de présider un procès en anglais, bien qu’elle ait été embauchée à un poste bilingue en 2016. La maîtrise de l’anglais par les candidats à la magistrature n’est testée qu’au moyen de quelques questions orales au moment de l’entrevue de sélection.